Décorée par l’artiste de Street Art Faben avec, pour slogan, “Roulez Vert… l’avenir”, la première toupie hybride de Lafarge France livre, sans bruit, ses bétons dans la ville de Nice. Retour d’expérience avec William de Lumley, directeur de l’agence Côte d’Azur.
Il faut que jeunesse se fasse…
Le véhicule intervient sur Nice et dans sa proche périphérie depuis l’automne 2017. Le temps d’identifier ses points faibles. « Nous avons eu quelques déboires, dont un blocage complet de la toupie une dizaine de jours après sa mise en service, reconnaît William de Lumley, à la tête de l’agence Côte d’Azur de Lafarge France. Rien d’insurmontable, mais ces soucis techniques, liés à la connaissance du matériel, nous ont permis de mieux appréhender le potentiel de la technologie et ses limites. En clair, il faut plutôt rester sur des bétons fluides, le moteur électrique ayant plus de mal avec des bétons fermes, lourds ou particuliers… »
Par contre, aucune différence sur les aspects opérationnels : même temps de remplissage et de déchargement, le bruit du moteur du porteur en moins. Un changement appréciable pour les riverains, mais aussi pour les opérateurs, qui entendent le bruit du sable et des matériaux se mélangeant dans la cuve.
Côté maintenance, si la résistance à l’usure nécessite une étude approfondie sur un cycle d’une année, les gains s’annoncent importants avec une moindre usure du moteur thermique et très peu d’entretien pour la partie “toupie électrique”. « Nous sommes aussi en train de quantifier les gains en économie de carburant et de C02, qui s’annoncent positifs et très encourageants », reprend William de Lumley.
Avec une signature écologique améliorée en termes d’énergie, de nuisances sonores et de qualité de l’air, cette toupie hybride apporte énormément, en particulier en fin de journée et la nuit, lors du coulage d’ouvrages de voirie. Pour mémoire, sur chantier, la délivrance du béton se fait moteur du porteur coupé. Fort de cette première expérience, Lafarge entend déployer la technologie à son rythme et en étudiant toutes les pistes. « Sur Nice, le maillage des stations de GNV était insuffisant pour envisager un porteur fonctionnant au gaz naturel, mais l’idée est bien d’utiliser la solution la plus efficace en fonction du tissu urbain et de la disponibilité des sources d’énergie. » Une stratégie liée aussi au prix du camion hybride, de 30 % à 40 % supérieur à un véhicule thermique. « Les industriels montrent la voie, mais le développement de cette technologie vertueuse mérite un soutien des collectivités, le temps que ce surcoût dû à l’innovation et à une fabrication encore semi-artisanale s’atténue », conclut William de Lumley.
Cyrille Maury