L’avenir de la toupie, en marche chez Vicat

Rédaction
13/04/2018
Modifié le 15/11/2018 à 16:50

Vicat a mis en service le camion Oxygène, première toupie au monde sans rejets polluants et… silencieuse. Un véhicule issu d’un partenariat entre Cifa, Iveco, Jacky Perrenot et Vicat.

Vicat a mis en service le camion Oxygène, première toupie sans rejets polluants et… silencieuse. [©Vicat]

Vicat a mis en service le camion Oxygène, première toupie sans rejets polluants et… silencieuse. [©Vicat]

Un air nouveau commence à souffler sur le secteur de la toupie. Un air exempt de polluants… « A travers le camion Oxygène, le groupe Vicat confirme une nouvelle fois sa capacité à innover, en particulier, en développant des solutions “bas carbone”, qui visent à réduire son impact sur l’environnement », résume Laurent Morniroli, directeur de l’activité Béton chez Vicat. A ce niveau, les chiffres parlent d’eux-mêmes : – 70 % de NOx, – 92 % de particules fines, – 96 % de rejets de CO2et – 95 % d’externalités (c’est-à-dire de coûts sociaux des pollutions). La nouvelle toupie Vicat associe, pour la première fois, deux technologies jamais réunies jusqu’à présent : un porteur Iveco propulsé par un moteur au gaz naturel et la cuve à entraînement électrique Cifa Energya. Sur la route, le véhicule est mû, de manière classique, à l’aide du moteur du porteur, qui recharge en même temps la batterie. Une fois sur le chantier, le moteur est coupé, mais la cuve continue de tourner, car alimentée par la batterie. Outre l’absence de toutes émissions polluantes, le véhicule est très silencieux : – 6 dB en comparaison à une toupie classique (sur porteur à moteur Diesel).

Le métier d’électricien
Ce qui fait la singularité de l’Energya – le modèle E9, en l’occurrence – n’est pas sa cuve en acier allégé haute résistance, apte à embarquer 7,5 m3de béton (pour une capacité nominale de 9 m3). C’est bel et bien son principe de fonctionnement 100 % électrique. Il n’y a aucune liaison mécanique entre le moteur du porteur et celui assurant la rotation du tambour. Tout tourne autour de la batterie au lithium. Outre son rechargement en phase transport, elle profite aussi des phases de décélération pour récupérer l’énergie, via le système Kers (Système de récupération de l’énergie cinétique). Toutefois, la batterie peut être rechargée en 4 h environ par branchement sur le réseau (courant triphasé 380/400 V – 20 A). Cet ensemble affiche un poids à vide de 4,76 t. « Pour Cifa, la mise au point de l’Energya, puis son passage à la phase industrielle, constituent une rupture assez profonde,explique Xavier Jean, directeur général Cifa France. Nous évoluons du métier de l’hydraulique à celui de l’électricité, ce qui oblige à intégrer de nouvelles compétences. »

 Le camion Oxygène - un porteur Iveco Stralis à moteur au gaz et un tambour électrique Cifa Energya E9 - constitue un excellent outil de livraison en zone urbaine. [©ACPresse]

Le camion Oxygène – un porteur Iveco Stralis à moteur au gaz et un tambour électrique Cifa Energya E9 – constitue un excellent outil de livraison en zone urbaine. [©ACPresse]

Même temps pour un “plein”
Le porteur est un Iveco Stralis Hi-Street 330e6 Natural Power. Il s’agit au départ d’un 6 x 8, dont un 4eessieu a été rajouté dans le cadre du projet. Ainsi, le véhicule présente un tridem arrière, dont le 3eessieu est moteur. Les trois autres essieux sont directeurs. « Ce camion affiche un PTAC de 33 t, contre 32 t en règle générale. Il y a un bonus de 1 t lié à la motorisation au gaz », souligne Jean-Baptiste Pastor, responsable logistique de Béton Vicat. Cœur du véhicule, le moteur n’est autre que le Cursor 8 Natural Power d’une cylindrée de 7,8 l. Dans cette configuration, il offre une puissance de 330 ch/243 kW pour un couple de 1 300 Nm. Ce qui fait sa spécificité est l’utilisation du gaz naturel pour véhicules (GNV), qui n’est autre que du gaz de ville concentré. Côté pratique, un “plein” de GNV ne nécessite pas plus de temps qu’un plein classique. Mais demande d’avoir accès à une “pompe” spécialisée. D’ici à fin 2018, le territoire national devrait compter 140 stations gaz. Et 250 sont attendues fin 2020. Il faut une fréquentation de 30 véhicules par jour pour rentabiliser une station…
A ce niveau, Jacky Perrenot (JP) joue bien le jeu. A la tête de 3 800 poids lourds, ce spécialiste du transport est à l’origine du projet “Oxygène”. Avec une commande de 250 véhicules au gaz, signée et en cours de mise en service, l’entreprise confirme sa position de tête dans le déploiement de matériels à carburants alternatifs.

Le transporteur Jacky Perrenot est le propriétaire de ce camion Oxygène, exploité par Vicat. [©ACPresse]

Le transporteur Jacky Perrenot est le propriétaire de ce camion Oxygène, exploité par Vicat. [©ACPresse]

Entre 10 et 25 toupies en 2018
Etant aussi locatier de toupies, avec un parc de 200 machines, JP ne pouvait laisser cette activité sans innovation… « Nous avons déjà une bonne expertise dans l’utilisation de véhicules fonctionnant au gaz. Déployer ce type de technologies au béton ne semblait donc pas poser de problème, de prime abord », explique Philippe Givone, Pdg de Jacky Perrenot. Mais réunir pour la première fois un porteur au gaz et une toupie électrique n’a pas été sans difficultés.« Ce projet a été fédérateur. Aujourd’hui, sa réussite devrait permettre de faire évoluer l’image de la profession de bétonnier, et de montrer par des actions concrètes que nous sommes capables d’être innovants et inventifs. »
Aux couleurs de Vicat, le camion Oxygène est entré en service actif au début de l’année, sur le secteur de Lyon. Exploité par l’entreprise Jacky Perrenot, il a été annoncé comme le premier d’une longue série. « Au-delà de ce premier véhicule, nous allons déployer cette technologie au sein de notre parc de toupies, qui compte aujourd’hui 500 véhicules. Nous envisageons une prise de commandes, oscillant entre 10 et 25 toupies de ce type en 2018 », confirme Laurent Morniroli. Et de conclure : « La toupie Oxygène est là aussi pour la profession dans son ensemble. Vicat est un acteur de la filière béton, qui souhaite faire évoluer les mentalités… »

Frédéric Gluzicki

Béton Solutions Mobiles est la première entreprise en France à avoir mis en service une toupie électrique, mais sur porteur Diesel. [©ACPresse]

Béton Solutions Mobiles est la première entreprise en France à avoir mis en service une toupie électrique, mais sur porteur Diesel. [©ACPresse]

Encadré : Précurseur et consorts
En France, le précurseur de la toupie hybride est Béton Solutions Mobiles, entreprise de BPE francilienne fondée par Philippe Tibère Inglese il y a tout juste quatre ans. Ce véhicule s’articule autour d’un porteur Mercedes à moteur Diesel. La partie toupie est l’Energya E9 de Cifa. A l’époque, quand Philippe Tibère Inglesse s’est intéressé au sujet, il n’y avait aucune offre de porteur non-Diesel… « L’Energya travaille surtout sur Paris, ville très sensible et exigeante, en termes de pollution environnementale. Cette toupie représente donc une solution optimale. Mais aussi une formidable vitrine pour une jeune entreprise comme BSM… »