Petite commune de la Loire, dans la zone Grand Saint-Etienne, Firminy est le site d'un ensemble architectural unique conçu par l’architecte moderniste Le Corbusier.
Petite commune de la Loire, dans la zone Grand Saint-Etienne, Firminy est le site d’une réalisation architecturale unique conçue l’architecte Le Corbusier. Cet ensemble illustre non seulement l’impact de Le Corbusier sur l’architecture moderne. Mais aussi son engagement envers une vision intégrée de la culture, de l’habitat et de la communauté. Le maire de Firminy, Eugène Claudius-Petit a initié en 1953 le projet, année de son investiture. Le nouveau maire a voulu offrir aux habitants des conditions de vie modernes et confortables. Il décide alors de lancer en 1954 la réhabilitation du centre-ville et la construction d’un nouveau quartier : “Firminy-Vert”.
Ami de Le Corbusier, Eugène Claudius-Petit l’invite à penser tout d’abord, un bâtiment. Qui sera dédié à la culture du corps et de l’esprit, programme cher à l’architecte. La première esquisse du projet combine ainsi en une seule structure l’édifice culturel, les gradins du stade et l’église. Ce projet d’urbanisme est complété par une Unité d’Habitation comme Le Corbusier en a déjà réalisé à Marseille (13). Ou encore à Rezé (44), Briey (57) et Berlin, en Allemagne.
La Maison de la Culture
André Malraux, ministre de la Culture de 1959 à 1969, est à l’origine de l’appellation “Maison de la Culture”. Admirateur de Le Corbusier et de sa Charte d’Athènes (plus de 88 % de verdure et le reste en bâtiment), il a initié sur l’ensemble du territoire français la création de centres culturels populaires.
Construite de 1961 à 1965, la Maison de la Culture de Firminy-Vert est le seul bâtiment réalisé avant le décès de l’architecte en août 1965. Unique par sa conception, elle présente un toit incurvé reposant sur des câbles non tendus. L’audacieuse façade, inclinée à 53°, est rythmée par des ouvertures appelées “pans ondulatoires”. Représentant une portée musicale créée par le compositeur Xenakis. Un bas-relief dessiné par Le Corbusier est gravé sur la façade Sud. Et désigne les différentes activités que l’on peut pratiquer dans le bâtiment. La maison regroupe un auditorium, une salle de spectacle, de danse, d’arts plastiques. Mais aussi une bibliothèque, un foyer-bar, des loges et des espaces d’exposition. Cette construction projette la forme trapézoïdale, chère à Corbu. Ceci, dans les airs comme une sculpture, campée solidement sur un socle en pierre.
L’Unité d’Habitation
Commencé en 1965, cinquième unité d’habitation construite dans le monde, l’établissement répond au concept des “cités-jardins verticales”. Achevé par André Wogenscky, l’un des collaborateurs de Le Corbusier, on y trouve des éléments fondamentaux de l’architecture corbuséenne. En particulier les pilotis, libérant l’espace au sol pour favoriser la rencontre et l’échange, la façade libre, le brise-soleil et le toit terrasse, pensé comme une place de village. Original par son intérieur vif et coloré. Cet immeuble culmineà 57 m de haut pour 130 m de long et 21 m de large. Il intègre un théâtre en plein air, des rues intérieures et initialement une école maternelle, qui accueille maintenant le 6e campus universitaire Jean-Monnet. Véritable joyau du patrimoine appelou1, il est doté d’un appartement témoin qui se visite aujourd’hui. Ce dernier a conservé son mobilier d’origine dessiné par le designer Pierre Guariche. Comme les lits, chaises ou encore meuble passe-plats replongent dans l’atmosphère des années 1960.
Le stade olympique
Pour Le Corbusier, “culture du corps” et “culture de l’esprit” sont indissociables. Achevé en 1968 toujours sous la direction d’André Wogenscky, le stade olympique, doté d’un terrain de football et d’une piste d’athlétisme, est toujours utilisé aujourd’hui par les Appelous. Et reste le seul stade classé Monument historique en France. Les 4 000 places assises des tribunes répondent comme un écho à la façade Ouest de la Maison de la Culture. Le stade comporte une prouesse technique : un auvent en béton armé suspendu, couvrant en partie les gradins. Les tribunes en béton s’inspirent des gradins des amphithéâtres antiques.
L’église Saint-Pierre et la piscine
L’église Saint-Pierre s’intègre parfaitement à l’utopie du site. Ayant pour vocation de permettre aux habitants de s’élever au plan culturel, physique et spirituel. Sa construction a connu des heures sombres avec plusieurs interruptions : le chantier a commencé en 1973 pour se terminer en… 2006, dans le respect du projet original, mais à l’aide de techniques et matériaux modernes. L’église réalise la synthèse des travaux religieux de l’architecte. A savoir, canons à lumière éclairant l’autel à certaines périodes de l’année, dépouillement, chemins spirituels… La nef est caractérisée par son acoustique surprenante, avec onze secondes d’écho. Le béton y domine, avec de subtils jeux de lumière pour renforcer la singularité des lieux.
Enfin, prévue en 1958 sur le plan de masse de Le Corbusier, André Wogenscky a construit la piscine municipale entre 1969 et 1971. Restaurée en 2006, elle est inscrite comme Monument historique depuis 2005.
Muriel Carbonnet-Villenave
1Les Appelous sont les habitants de Firminy.
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