Le laitier de hauts fourneaux, émetteur de 83 kg éq. CO2/t

Frédéric Gluzicki
03/10/2022

Après des mois de discussions, le laitier de hauts fourneaux se voit affecté d’une allocation carbone économique de 83 kg éq CO2/t. L’industrie cimentière lance la mise à jour de ses DEP Ciments.

Le laitier de hauts fourneaux se voit affecté d’une allocation carbone de 83 kg éq CO2/t. A quoi il convient d’ajouter les 16 kg/t liés au transport, au séchage et à la préparation du laitier... [©ACPresse]
Le laitier de hauts fourneaux se voit affecté d’une allocation carbone de 83 kg éq CO2/t. A quoi il convient d’ajouter les 16 kg/t liés au transport, au séchage et à la préparation du laitier… [©ACPresse]

Ce sera donc 83 kg éq CO2/t pour le laitier de hauts fourneaux. Le programme Inies a validé en juin dernier la recommandation de la Direction de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Paysages (DHUP) d’affecter au sous-produit de la fonte, une partie des émissions de carbone liée à la production de l’acier.

Aujourd’hui, c’est au tour du Syndicat français de l’industrie cimentière (Sfic) d’annoncer travailler à la mise à jour complète de ses déclarations environnementales produits (DEP) Ciments. Avec une publication prévue au premier trimestre 2023. Ceci, pour tenir compte de l’entrée en application de la norme NF EN 15804 dans sa version A2/CN*, programmée courant octobre 2022. Pour certains ciments, cette démarche entraînera une évolution de leur impact proportionnellement à leur teneur en laitier…

Il s’agit là d’un changement important. En effet, seuls, les impacts liés au transport, au séchage et à la préparation du laitier n’étaient pris en compte, jusqu’à présent, dans les valeurs carbone des ciments concernés. C’est-à-dire environ 16 kg éq CO2/t. A additionner aujourd’hui aux 83 kg arbitrés…

Arrondi à 1,4 % par la DHUP

Le nouveau principe retenu est celui d’une allocation économique entre la fonte (acier) et le laitier de hauts fourneaux, établie à hauteur de 1,4 %. Ce pourcentage est issu d’un calcul fondé sur le prix estimé de la fonte (410 €/t) et du laitier (20 €/t) en sortie de hauts fourneaux, sachant que 1 t de fonte génère la production de 275 kg de laitier. Il a été établi par la DHUP sur la base d’échanges avec les parties prenantes et d’experts ACV. L’allocation est ensuite calculée à partir de la formule :

• 20 €/t x 0,275 t divisée par 410 €/t + (20 €/t x 0,275 t), ce qui donne 1,32 %, arrondi au pourcentage supérieur par la DHUP… Soit 1,4 %.

Ainsi, dans le contexte actuel, l’impact de la production de 1 t de fonte est de l’ordre de 1 623 kg éq CO2. A partir de cette donnée, on calcule l’impact du laitier comme suit :

• 1 623 kg x 1,4 %, ce qui donne 22,72 kg éq CO2 pour 0,275 t de laitier. Ramené à la tonne, on arrive à 82,6 kg éq CO2 pour être précis.

Un résultat qui peut changer légèrement. Car, selon la base de données utilisée, la valeur de l’impact de la production de la fonte est sujet à variation. Toutefois, on reste sur un chiffre situé aux alentours des 80 kg éq CO2/t…

Une allocation carbone différente dans chaque pays…

Cet arbitrage, la profession cimentière l’appelait de ses vœux depuis longtemps. « La mise à jour de nos DEP Ciments est la conséquence des nouvelles directives dues par le régulateur, détaille Bruno Pillon, président du Sfic. C’est pour la filière une opportunité de mieux mesurer l’impact environnemental de ses ciments. Et de poursuivre les travaux pour identifier les solutions qui permettront d’abaisser ce poids carbone. Mesurer avec précision l’impact carbone des matériaux est une exigence pour toute la filière de la construction. »

L’allocation de 83 kg éq CO2/t (+ 16 kg liés au transport, au séchage et à la préparation du laitier) est spécifique à la France. Mais les autres pays européens s’inscrivent plus ou moins dans une démarche comparable. Toutefois, chaque programme de déclaration (équivalent Inies dans les autres pays) applique sa propre règle, selon différentes typologies d’allocation autorisées par la norme NF EN 15804 et selon leur contexte national… Ce qui risque, malgré tout de créer quelques distorsions concurrentielles aux frontières.

*Norme NF EN 15804 : Contribution des ouvrages de construction au développement durable – Déclarations environnementales sur les produits – Règles régissant les catégories de produits de construction.