Le Relais Charles Martel : On est heureux Nationale… 10

Muriel Carbonnet
24/03/2024

Construite en 1955 pour le distributeur Ozo, la station de Sainte-Maure-de-Touraine longe la nationale 10, route de Paris à l'Espagne fortement fréquentée. Retour sur son histoire.

Article paru dans Béton[s] le Magazine n° 111

Un vaste auvent surplombant deux pompes à essence donne naissance à une flèche-totem de près de 11 m de hauteur. [©Laurent Carré]
Un vaste auvent surplombant deux pompes à essence donne naissance à une flèche-totem de près de 11 m de hauteur. [©Laurent Carré]

Ca aurait pu être la Nationale 7, mais ce sera l’histoire d’un relais essence en béton sur la Nationale 10. Qui mène vers l’Espagne. Situé à quelques kilomètres au Sud de Sainte-Maure-de-Touraine (37), le restaurant routier “Les Deux Croix”, tenu par monsieur Cuvillier, connaît une intense activité au début des années 1950. Une idée surgit alors : pourquoi ne pas proposer à proximité un poste de distribution de carburants en collaboration avec la société Huilcombus qui distribue les carburants Ozo ? Nous sommes en 1954. Huilcombus obtient de la mairie l’autorisation d’implanter cette nouvelle station, en décembre 1954, sur une parcelle bordant la RN10 vendue par monsieur Cuvillier. Les travaux débutent pendant l’été 1955 et la station en béton ouvre en février 1956.

Une architecture de béton

Cette station essence bénéficie d’une architecture remarquable, très moderne, aux lignes tendues inspirées par les stations-services américaines. Le dessin est l'œuvre de l'architecte Paul Lagneau. [©Gilles Corona]
Cette station essence bénéficie d’une architecture remarquable, très moderne, aux lignes tendues inspirées par les stations-services américaines. Le dessin est l’œuvre de l’architecte Paul Lagneau. [©Gilles Corona]

Cette dernière bénéficie d’une architecture remarquable, très moderne, aux lignes tendues inspirées par les stations-services américaines. Le dessin est l’œuvre de l’architecte Paul Lagneau. Un vaste auvent surplombant deux pompes à essence donne naissance à une flèche-totem de près de 11 m de hauteur. Peinte d’un blanc immaculé, la station ouvre au printemps 1956 pour le compte des carburants Ozo, en novembre de la même année. Ces derniers fusionnant avec Total en 1964. De plus, on construit une nouvelle station de l’autre côté de la nationale, plus sobrement, dans le sens Province-Paris. Les deux stations forment désormais “Le Relais Charles Martel” en référence à la bataille dite “de Poitiers”. Dont l’un des épisodes se serait déroulé non loin de Sainte-Maure-de-Touraine selon certaines sources.

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Mais avec l’ouverture de l’autoroute A10 entre Tours et Poitiers en 1977, le trafic diminue inexorablement. Et le relais ferme définitivement courant 1982. Le bâtiment trouve une seconde vie comme bureau de vente de voitures d’occasion jusqu’au début des années 1990. Le restaurant ferme alors, les lieux se dégradent peu à peu. Les vitrines sont brisées, le lierre gagne l’arrière du bâtiment.

Sauvé par l’association Nostal’10

En 2011, la municipalité de Sainte-Maure-de-Touraine décide de protéger le lieu et l’inscrit à son Plan local d’urbanisme, en 2013. Depuis des inconditionnels comme Laurent Carré, président de l’association Nostal’10, qui habite non loin de là, font tout pour rénover le relais, symbole des Trente Glorieuses. Des travaux ont été entamés il y a deux ans, avec une première tranche qui a consisté à rendre étanche l’auvent. Après avoir été lauréat d’un projet citoyen à budget participatif mené par l’Indre-et-Loire, l’association a reçu une finnacement du département permettant de mener à bien la suite des travaux. De quoi poser porte et fenêtres. Et de la repeindre dans sa configuration d’origine aux couleurs d’Ozo.

Pour apporter votre pierre à l’édifice, vous pouvez faire un don sur la plate-forme suivante.

Article paru dans Béton[s] le Magazine n° 111

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