Pour évacuer 4 000 t/j de déblais sans gêner les riverains, le chantier du prolongement Sud de la ligne 14 a fait le choix de déporter la zone de chargement. Et construit des casiers hors sol en béton préfabriqué.
Retrouvez cet article dans le n° 84 de Béton[s] le Magazine
Au Sud de Paris, la Ratp est en train de prolonger la ligne 14 du métro parisien. Le point de départ du tunnelier est localisé à Villejuif (94), sur le site Jean Prouvé. Un secteur plutôt urbanisé et pavillonnaire, desservi par des routes secondaires. Délicat d’envisager, dans cette configuration, une valse permanente de poids lourds… Pourtant, ceux-ci sont indispensables pour évacuer les 4 000 t/j de déblais, qui sortiront du tunnel à creuser. Un ouvrage de 4,6 km comportant une gare (Kremlin-Bicêtre – Hôpital) et 5 puits de ventilation. D’une durée de 64 mois, cette opération s’inscrit dans le cadre du lot Ligne 14 Sud – GC 02. Elle est menée par le groupement Dodin Campenon Bernard, Vinci Construction Grands Projets, Vinci Construction, Spie Batignolles Génie Civil, Spie Fondations et Botte Fondations.
Pour pallier cette problématique de traitement des déblais, sans perturber la quiétude des riverains, le chantier a imaginé une solution originale. L’idée est simple : déporter le point de chargement des déblais, sachant que l’autoroute A6 jouxte l’emprise des travaux.
Evacuation via l’autoroute A6
Ainsi, à proximité immédiate du puits de départ du tunnelier ont été creusés 6 casiers de grande contenance, capables chacun d’accueillir 1 300 m3(ou 3 800 t) de terre foisonnée. Soit une journée de travail du tunnelier… En permanence, une pelle hydraulique dédiée assurera la reprise de ces déblais pour permettre leur transfert par tapis convoyeur vers la zone de chargement des semi-remorques.
Eloignée de 1,2 km du site Jean Prouvé, la zone dite “des Hautes Bruyères” est implantée le long d’une voie secondaire de l’autoroute A6B, dont une partie a été neutralisée pour le chantier, mais sans incidence sur le trafic routier. C’est là que le tapis convoyeur achèvera sa course. L’emprise se développe sur environ 2 000 m2. Elle est aménagée autour de 2 casiers, en partie enterrés, de 315 m2chacun, pour une capacité de stockage unitaire de 1 500 m3. Une voie privée fait le tour complet des casiers, permettant la circulation, dans un seul sens des semi-remorques. Arrivant vides, ceux-ci s’arrêtent d’abord au point de chargement avant un second stop au niveau du pont-bascule. Ils peuvent alors rejoindre l’autoroute. Quelque 130 semi-remorques de 25 t devront ainsi assurer l’évacuation des déblais.
Des murs préfabriqués
Pour la construction des 2 casiers, le groupement a opté pour une solution préfabriquée en béton armé. Le gain de temps en constitue le premier avantage. Mais la standardisation assure la qualité de la réalisation. C’est Chapsol qui a décroché ce marché très spécifique. L’industriel est parti d’éléments issus de son catalogue. L’enceinte de confinement des déblais est composée d’une série de 49 murs en “T” inversé de 7 m de haut, posés sur une embase de 4,70 m de large fini. En réalité, en sortie d’usine, l’embase est limitée à 2,50 m de large pour des questions de gabarit de transport. Aussi, les 2,20 m “manquants” ont été coulés in situ, une fois les éléments en place.
Afin de reprendre la poussée des déblais, la partie “mur” est d’épaisseur variable. En partant du sommet, les premiers 3 m sont limités à 15 cm, avant d’accuser un fruit, côté route, pour atteindre une épaisseur de 56 cm en pied. Enfin, les éléments sont jointifs, pour garantir un parfait confinement des déblais, sans risque de fuite. Pour la préfabrication, Chapsol a utilisé un béton standard, de classe de consistance C40/50. Et de classe d’exposition XA1, comme exigé par le chantier. Les éléments ont été réalisés à raison de 2 j, mais pas de manière continue, nécessitant de mobiliser l’usine de Senlis (60) sur une période de 3 mois. Classique pour ce type de prestations…