Depuis les Landes, l’artiste plasticienne Lydie Arickx décline une œuvre expressionniste sous formes de peintures, de sculptures et d’installations. Depuis 20 ans maintenant, elle érige des colosses en béton.
Article paru dans Béton[s] le Magazine n° 111
On l’appelle “la papesse de l’Expressionnisme”. Elle, c’est l’artiste française Lydie Arickx (née en 1954), d’origine flamande. Son travail célèbre la puissance vitale sous toutes ses formes. Lydie Arickx malmène la figure, tord la matière et rend compte de la violence du monde. En 1991, elle s’installe dans les Landes, à Angresse, quelque part entre Dax et Biarritz. Elle y travaille sur de grands formats intrigants, et aborde une sculpture monumentale, mystique et aérienne. Cet atelier landais est un lieu d’expérimentation : elle y recherche et adapte de nouveaux supports et matériaux pour ses créations (bois, tissus, béton, bitume, résines, fibres…).
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Son antre renseigne sur la genèse d’une œuvre venue de l’intérieur. Ce sont ses sculptures qui nous intéressent ici : des colosses en béton, droits comme des “i”, dégoulinants ou rampants, des gisants, des corps nus, des vanités, des créatures fantomatiques… Tout droit sortis de l’imaginaire prolixe de Lydie Arickx.
Une énergie bouillonnante
Petit bout de femme excentrique au rire contagieux, l’artiste a de petites mains fortes qui sculptent avec ardeur, aidée en cela de son mari, le photographe Alex Bianchi et de leur fils, César. C’est une affaire de famille. « Depuis plus de quarante ans, je tourne autour de tous les aspects de la création et du vivant. C’est le thème darwinien, la vie dans sa métamorphose, sa dimension métaphysique. Rien n’a de fin. » Son œuvre est surréaliste, atypique, fantastique, mais jamais morbide. « Je revendique la curiosité de Vinci et l’esprit de la Renaissance. » L’artiste voit donc grand. Ses formes sont biomorphiques, parfois dérangeantes… Elles évoquent souvent des cabinets de curiosités.
Dans ce bouillonnement créatif, Lydie Arickx utilise un béton noir d’aluminates, qu’elle patine, qu’elle polit, qu’elle peint… Elle a d’abord réalisé des drapés, puis s’est aventurée dans le monumental. « Le béton est extraordinaire. Il retranscrit la spontanéité visuelle. Je mets en forme très vite, j’ai donc besoin d’une immédiateté dans mon travail. Cette matière répond à mon urgence. Chaque jour, je découvre une manière de l’utiliser. » Lydie Arickx est en fait une sculptrice matricielle. L’énergie parfois sombre de ses œuvres évoque à la fois la vie jaillissante et aussi la mort, comme des hymnes aux cycles inexorables du vivant. Un éternel recommencement, l’enchantement d’une vaste résurrection.
Muriel Carbonnet
Retrouvez le monde étrange de Lydie Arickx ici.
Prochaines expos au Centre d’art contemporain de Mont-de-Marsant en juillet 2024 et au Centre d’art contemporain d’Anglet en novembre 2024.
Article paru dans Béton[s] le Magazine n° 111
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