Si le show-room de La Manufacture du Béton est à Paris, dans le XIVe, l’atelier de menuiserie et de conception est à Brive-la Gaillarde, en Corrèze. Focus sur ce qui anime les deux co-fondateurs designers, Arnaud Deverre et Antoine Courtiol.
Article paru dans Béton[s] le Magazine n° 98
« A partir d’une matière brute, le béton, notre travail consiste à créer des éléments de design, aux formes inattendues et raffinées », annonce d’emblée Arnaud Deverre, co-fondateur de La Manufacture du Béton. Avec son associé, Antoine Courtiol, le Monsieur Béton de l’entreprise, ils ont fixé la barre haute. Ils se sont spécialisés dans les meubles “compliqués”, haut de gamme, coulés en une seule pièce, aux formes épurées et élégantes. Leur béton n’est autre qu’un Bfup de formulation maison, mis au point dans leur atelier de Brive-la-Gaillarde, en Corrèze. « La compacité de ce béton confère à nos produits une qualité de parement exceptionnelle, permettant toutes les extravagances de textures : béton mat, brillant, “fondu”, aspect bois, cuir, ardoise, peau de serpent ou carapace de tortue, bullé, lisse soyeux, avec inclusions… C’est aussi un atout supplémentaire pour la pérennité des créations en extérieur. »
Le Bfup sans limites
De plus, les caractéristiques mécaniques du Bfup sont 3 à 5 fois supérieures à celles d’un béton traditionnel. Elles permettent de concevoir des structures minces (jusqu’à 10 mm) et de fabriquer meubles, objets de décoration et éléments structurels “poids plume”.
Sophistiqué, brut et industriel, le béton, tout comme les éléments de décoration, sont uniques. « Ce que nous inspire le béton ? Un défi technique intéressant, la création de porte-à-faux par exemple, qui tiennent bizarrement. Pour cela, nous inventons un mouvement et une dynamique. Nous générons une identité graphique. Le contraste entre le matériau et le résultat doit surprendre et éveiller la curiosité. Surtout, séduire celui qui regarde », explique Arnaud Deverre. Et de poursuivre : « Le béton n’a de limites que celles de l’imagination. Il joue la carte de l’innovation et du design. Matériau vivant, il permet de réaliser une large palette de surfaces ».
Ainsi, le piètement et le plateau à trois pétales de la table basse “Clover” sont coulés ensemble.Les inserts en laiton viennent sublimer les pétales, et apportent délicatesse et raffinement à cet imposant meuble. Le dessin de la table “Nervure” reprend, elle, de façon stylisée, celui des nervures d’une feuille ou celles constituant les ailes d’un avion. Ainsi naît le contraste entre le dessin aérien et le matériau brut.
Fabrication de ses propres moules
De son côté, la table “Trèfle” met en exergue la rigidité du béton et la douceur de la courbe. Elle est moulée en un seul bloc, au drapé parfait. Aux formes florales et lisses. Elle peut être réalisée en plusieurs couleurs différentes et en plusieurs finitions. Ou bien encore, la table “Fragment Béton” s’inspire des tableaux de Mostapha El Oulhani. Le plateau est constitué de strates de bétons de teintes variées, créant un zoom dans un fragment de zellige. Une mosaïque dont les éléments, appelés “tesselles”, sont des morceaux de carreaux de faïence colorés, qui sont découpés un à un et assemblés sur un lit de mortier pour former un assemblage géométrique. Là, ce sont des morceaux de béton…
« Nous réalisons nous-mêmes les pièces moulées. Dans un premier temps, un soin particulier est apporté à la conception et à la fabrication des moules, qui sont fabriqués dans notre atelier de menuiserie. Cette étape est primordiale : dimensions précises, montages soignés, qualités de surfaces du moule et choix des matériaux utilisés. Autant de détails qui participent à la qualité du meuble à venir. » Après démoulage, chaque pièce de béton est finie à la main : ponçage et lustrage des arrêtes. « C’est cette dernière opération qui permet l’harmonie des lignes et la douceur du toucher. Enfin, nous réalisons la patine sur le béton, qui a pour fonction de le protéger contre les tâches. Nous en proposons trois, faites à la main. C’est la dernière touche qui fait du meuble une pièce unique », conclut Arnaud Deverre.