Il est possible de coupler ravalement et isolation par l’extérieur, sans dénaturer des façades présentant un intérêt particulier. Deux chantiers, réalisés en région parisienne, le prouvent. Démonstration.
L’obligation de coupler ravalement et isolation par l’extérieur a fait surtout réagir les architectes, qui voient dans cette loi un risque de dénaturer des façades présentant un intérêt particulier. Deux chantiers, réalisés en région parisienne (l’un à Montmorency, l’autre à Saint-Denis), démontrent le contraire.
Chantier de MontmorencyMontmorency dans le Val-d’Oise. Des particuliers achètent une maison des années 1950. Constituée de pierres apparentes, cette maison présente deux inconvénients : une absence totale d’isolation, mais aussi des façades esthétiquement très datées. Les propriétaires contactent l’entreprise FCA, spécialiste du ravalement et de l’isolation par l’extérieur. Sébastien Fay, son dirigeant, leur démontre l’intérêt de coupler ravalement et isolation par l’extérieur. Et ce, tout d’abord… pour des raisons économiques. En effet, un ravalement classique auquel s’ajoute une isolation par l’intérieur, serait plus coûteux qu’une isolation par l’extérieur faisant en même temps office de ravalement. De plus, cette solution évite de réduire la surface habitable et de reprendre toute la décoration intérieure. Convaincus par cet argumentaire, les propriétaires souhaitent de plus en profiter pour s’éloigner d’une architecture trop connotée à leurs yeux “années 1950”.
En parties courantes, la nouvelle isolation fait appel à la technique de l’enduit mince sur isolant polystyrène (Sto). C’est d’abord au niveau de la finition enduite que l’entreprise FCA va différencier les façades. Pour ce faire, elle joue sur différentes épaisseurs de polystyrène et réalise dans l’enduit de finition des joints en creux. Ensuite, la plupart des ouvertures sont habillées d’encadrements composés de matériaux composites (Sto Déco Profil), constitués à 96 % de billes de verre recyclé, collés et fixés mécaniquement sur le mur support. Ces modénatures, une fois enduites et poncées au niveau des zones de raccordement, sont peintes à l’aide de deux couches de peinture siloxane, un produit classiquement utilisé en ravalement. Sur les parties courantes, le décor est obtenu par un premier traçage sur la façade. La partie qui ne doit pas être enduite est peinte, puis recouverte d’un ruban adhésif correspondant à la largeur souhaitée du décor. Ce ruban est retiré juste après l’application de la couche d’enduit de finition.
L’aspect de la maison est aussi profondément transformé, par l’ajout d’une toiture mansardée, qui vient compléter le chien-assis existant. Du fait de la rehausse du toit, 80 % de la surface du comble devient utilisable, contre 35 à 40 % auparavant.
Par rapport à un traitement de façade simple, le surcoût (fourniture et pose) peut être estimé autour de 20 %. Il faut de plus prendre en compte la valorisation du bien, sans oublier le crédit d’impôt, 30 % sur la facture globale à l’époque, plafonné à 16 000 € pour un couple.
Changement de décor à Saint-Denis, au Nord de la banlieue parisienne. Les propriétaires d’une maison située dans le périmètre de protection d’une église veulent isoler leur bien par l’extérieur. Ils se voient imposer des contraintes fortes, entre autres, celle de reconstituer l’esthétique d’origine, avec toutes les spécificités des façades en plâtre des années 1920. L’Architecte des Bâtiments de France, obligatoirement consulté dans un tel cas de figure, craint que le complexe d’isolation dénature le bâtiment, tant par l’esthétique que par la surépaisseur générée par l’isolant. De plus, la présence d’une maison mitoyenne identique renforce la volonté de l’architecte de maintenir une cohérence d’aspect entre les deux maisons. Finalement, le maître d’ouvrage obtient gain de cause, l’administration finissant par être convaincue de la validité esthétique du projet.
Sur le plan technique, la maison étant recouverte d’enduits de plâtre et de ciment de différentes époques, il est décidé d’utiliser un isolant en laine de roche (Rockwool), recouvert d’enduits spécifiques et suffisamment respirants, afin d’assurer la continuité des transferts de vapeur d’eau. Toujours grâce à l’usage de profilés composites de chez Sto, FCA recrée cette fois-ci les encadrements de fenêtres d’origine, les bandeaux, les jambages et les différents bossages présents sur la façade d’époque. Ces bossages sont obtenus par application de plaques composites (Sto Ventec), formant une surépaisseur. La jonction entre chaque étage est marquée par un effet de poutre arrondie. Les parties basses, très exposées du fait de la façade donnant directement sur la rue, reçoivent une trame dite “de blindage” : en fait, une toile de renfort, qui assure une résistance aux chocs optimisée.
Bilan des deux chantiers
Sur les deux chantiers, tous les profilés et les plaques composites sont posés en “calé-chevillé”, d’abord collés sur le sous-enduit, c’est-à-dire avant l’application de l’enduit de finition, mais aussi fixés mécaniquement au mur porteur, grâce à des chevilles traversant l’isolant. Les plaques sont livrées sur chantier sous forme de panneaux de 2,40 m x 1,20 m, elles sont ensuite découpées à la dimension voulue. Ces encadrements et profilés font la différence au premier coup d’œil. Le contraste de couleur et l’effet de volume du profil, avec ses ombres portées, animent les façades. Par un effet d’optique, les ouvertures paraissent aussi plus généreusement dimensionnées. S’ajoutent à ces spécificités tous les points particuliers liés à la mise en œuvre d’une isolation extérieure. Par exemple, les rallonges d’appuis de fenêtre sont systématiques, les appuis d’origine étant le plus souvent trop courts. Des galbes plus ou moins travaillés en fonction de l’aspect souhaité apportent une touche supplémentaire à l’esthétique des façades. Sto propose à cette fin une gamme très complète de profilés, ce qui permet aux entreprises de répondre à toutes les architectures régionales.
Enfin, ce travail d’isolation passe aussi par la rallonge des gonds de volets et de toutes les fixations présentes sur les façades, par la pose de bavettes en zinc… avec le souci de respecter au mieux un aspect classique, le but ultime étant de rendre le complexe d’isolation extérieure le plus discret possible.
Gérard Guérit