Le béton comme support d’art. Mieux encore, le Mur de Berlin… Celui qui, en 1989, devint le symbole de la liberté et de la réconciliation entre les deux Allemagne d’alors. Dès 1984, certains artistes résidant à Berlin Ouest avaient eu besoin de s’exprimer sur le Mur malgré les risques encourus. Une forme de Street Art était née.
Un homme, Sylvestre Verger, commissaire d’expositions, se procura des fragments du Mur de Berlin après la chute et devint le collectionneur de cette période. Puis, pour diverses raisons, il les vendit, mais resta le spécialiste du Mur et le propriétaire d’une trentaine de plaques de béton vierges (probablement les dernières).
Il explique que « J’ai pu concevoir pour le 25eanniversaire de la chute du Mur de Berlin une nouvelle collection qui rend, pour la première fois au monde, hommage aux artistes emblématiques du Mur de Berlin ayant peint celui-ci avant sa chute. Bien qu’il y ait eu des peintures réalisées par quelques artistes anonymes ou identifiés tels que Jonathan Borofski, Richard Hambleton ou Rainer Fetting, ce sont les Français Christophe Bouchet et Thierry Noir qui osent peindre, dès 1984, de véritables fresques murales. Ils sont alors suivis par les artistes allemands Peter Unsicker, Heinz J. Kuzdas, Indiano et Kiddy Citny, les Américains Keith Haring et Ron English, le peintre suisse Luciano Castelli. Tous contribuèrent de 1984 à 1989 à cette effervescence picturale, créant un nouveau mouvement artistique berlinois ».
Pour parfaire cet hommage, il a paru important à Sylvestre Verger d’y associer 24 artistes internationaux du Street Art, mouvement artistique urbain. « Répondant avec enthousiasme à ma proposition, Jérôme Mesnager, Mesa, 1Up, Pha, Run, Jean Faucher, C215, Jef Aérosol, Abraham Clet, Faith47… mais aussi bien d’autres, ont réalisé leur œuvre sur un de ces derniers fragments vierges du Mur pour créer cette collection qui associe l’art, la ville et la liberté. »
« L’art n’est pas une soumission, mais une conquête », écrivait André Malraux. Le Street Art, le plus important mouvement artistique contemporain d’ampleur internationale, signe la démocratisation de l’art pour la première fois dans l’histoire. Et le Mur de Berlin au même titre que les murs de béton de nos villes, en sont les supports privilégiés. Si les œuvres restent éphémères, le béton, lui, est pérenne. Ici, le fragment de Franck Pellegrino, “Evasion”.