Mur(s) de Berlin : Le béton de la liberté

Muriel Carbonnet
21/10/2019
Modifié le 26/07/2021 à 11:50

Le béton comme support d’art. Mieux encore, le Mur de Berlin… Celui qui, en 1989, devint le symbole de la liberté et de la réconciliation entre les deux Allemagne d’alors. Dès 1984, certains artistes résidant à Berlin Ouest avaient eu besoin de s’exprimer sur le Mur malgré les risques encourus. Une forme de Street Art était née.

D’avril à juillet dernier, sur le parvis de la gare de l’Est, une trentaine d’œuvres sur béton étaient offerts au regard des voyageurs et les passants sur des structures métalliques conçues par le sculpteur américain Adam Steiner. Une collection unique que Sylvestre Verger fait voyager à travers la France et le monde. [©ACPresse]
D’avril à juillet dernier, sur le parvis de la gare de l’Est, une trentaine d’œuvres sur béton étaient offerts au regard des voyageurs et les passants sur des structures métalliques conçues par le sculpteur américain Adam Steiner. Une collection unique que Sylvestre Verger fait voyager à travers la France et le monde. [©ACPresse]

Un homme, Sylvestre Verger, commissaire d’expositions, se procura des fragments du Mur de Berlin après la chute et devint le collectionneur de cette période. Puis, pour diverses raisons, il les vendit, mais resta le spécialiste du Mur et le propriétaire d’une trentaine de plaques de béton vierges (probablement les dernières).

Sylvestre Verger, commissaire d’expositions et collectionneur de fragments du Mur de Berlin : « Ces morceaux en béton représentent le béton de la liberté. L’art a gagné ! » Ici, face à la fresque de l’artiste brésilien LM7. [©Olivier Borst]
Sylvestre Verger, commissaire d’expositions et collectionneur de fragments du Mur de Berlin : « Ces morceaux en béton représentent le béton de la liberté. L’art a gagné ! » Ici, face à la fresque de l’artiste brésilien LM7. [©Olivier Borst]

Il explique que « J’ai pu concevoir pour le 25eanniversaire de la chute du Mur de Berlin une nouvelle collection qui rend, pour la première fois au monde, hommage aux artistes emblématiques du Mur de Berlin ayant peint celui-ci avant sa chute. Bien qu’il y ait eu des peintures réalisées par quelques artistes anonymes ou identifiés tels que Jonathan Borofski, Richard Hambleton ou Rainer Fetting, ce sont les Français Christophe Bouchet et Thierry Noir qui osent peindre, dès 1984, de véritables fresques murales. Ils sont alors suivis par les artistes allemands Peter Unsicker, Heinz J. Kuzdas, Indiano et Kiddy Citny, les Américains Keith Haring et Ron English, le peintre suisse Luciano Castelli. Tous contribuèrent de 1984 à 1989 à cette effervescence picturale, créant un nouveau mouvement artistique berlinois ».

Pour parfaire cet hommage, il a paru important à Sylvestre Verger d’y associer 24 artistes internationaux du Street Art, mouvement artistique urbain. « Répondant avec enthousiasme à ma proposition, Jérôme Mesnager, Mesa, 1Up, Pha, Run, Jean Faucher, C215, Jef Aérosol, Abraham Clet, Faith47… mais aussi bien d’autres, ont réalisé leur œuvre sur un de ces derniers fragments vierges du Mur pour créer cette collection qui associe l’art, la ville et la liberté. »

« L’art n’est pas une soumission, mais une conquête », écrivait André Malraux. Le Street Art, le plus important mouvement artistique contemporain d’ampleur internationale, signe la démocratisation de l’art pour la première fois dans l’histoire. Et le Mur de Berlin au même titre que les murs de béton de nos villes, en sont les supports privilégiés. Si les œuvres restent éphémères, le béton, lui, est pérenne. Ici, le fragment de Franck Pellegrino, “Evasion”.

Trois artistes majeurs du Mur de Berlin, Christophe-Emmanuel Bouchet, Kiddy Citny et Thierry Noir, accompagnés par le célèbre artiste du Street Art brésilien L7M, ont peint une fresque, rue d’Alsace dans le Xe arrondissement de Paris, en mars dernier. Les “Statues de la Liberté” que Christophe-Emmanuel Bouchet et Thierry Noir réalisèrent, en 1986, ont été recréées. Les Enfants Rois” de Kiddy Citny et “Hommage aux jeunes générations (Ne refaites pas les mêmes erreurs que vos parents !)” de Thierry Noir ont été réalisées. L7M a prolongé l’ensemble de ces fresques par une œuvre de 15 m de long. [©Olivier Borst]

On pouvait voir sur le parvis de la Gare de l’Est trois Trabant, voitures emblématiques de l’Allemagne de l’Est, spécialement peintes pour l’occasion par Thierry Noir, Christophe-Emmanuel Bouchet et Kiddy Citny. Ici, celle revue par Thierry Noir (5a) ou Christophe-Emmanuel Bouchet (5b). [©ACPresse]

Le poète urbain Jean-Pierre Lemesle a écrit sur l’œuvre de l’Espagnol Gonzalo Borondo : « De dos, Pour nous obliger à regarder dans la même direction, Immolés dans un cadre classique Crayonné d’énergie ». [©ACPresse]

Les passants pouvaient admirer sur le parvis de la Gare de l’Est un fragment du Mur de Berlin que s’était approprié l’artiste mexicain Pablo Delgrado : « Au pied du mur fissuré, Des lapins du no man’s land copulent, Donc la vie continue… N’est-ce pas mon général ? » ou encore celui de l’artiste italien, installé à Londres, Run qui mélange les genres, les couleurs… « Besoin d’échanger, de se compléter Bonjour… ça va ? ». [©ACPresse]

Retrouvez aussi l’article sur le “Mur de Berlin, trente ans déjà…

M. C.

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