La Scène nationale du Havre, surnommée le Volcan, a rouvert ses portes après cinq années de travaux. Dans son discours d’inauguration, le maire du Havre a estimé qu'il « est des moments où il faut célébrer la culture ».
La Scène nationale du Havre, surnommée le Volcan, a rouvert ses portes après cinq années de travaux. Dans son discours d’inauguration, Edouard Philippe, maire UMP du Havre a souligné que « Nous aurions pu annuler, ou reporter [du fait de l’attentat contre le journal Charlie Hebdo] », estimant au contraire que « il est des moments où il faut célébrer la culture ».
Une œuvre majeure
Imaginé par le célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer, le bâtiment a bénéficie d’une opération de rénovation de grande envergure, afin de satisfaire les visiteurs et le personnel des lieux. L’histoire du “Volcan” se confond avec celle des politiques publiques de la Culture depuis 1961, date de création de la première Maison de la Culture inaugurée par André Malraux. Dans cette histoire, l’œuvre architecturale d’Oscar Niemeyer joue naturellement un rôle majeur. En effet, le Volcan et l’ensemble du site constituent un pari extraordinaire de tous les points de vue : cohabitation des grandes courbes blanches face à la rigueur classique d’Auguste Perret ; prouesse technique pour la réalisation d’un bâtiment hors norme ; volume majestueux pour un rapport d’intimité entre les artistes sur scène et le public ; proportions magiques d’un grand plateau ouvert sur une salle à portée de main… Ce n’est pas seulement un bâtiment unique au monde qui s’offre une seconde jeunesse, mais aussi un grand théâtre qui rouvre et un quartier qui va pleinement revivre.
Après sa destruction à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme avait confié la réédification de la ville du Havre à l’architecte Auguste Perret. Le site culturel du Volcan est le résultat d’un chantier de quatre ans (1978 – 1982). Oscar Niemeyer a pris le contrepied du projet attendu sur le site, un théâtre avec vue frontale sur un parvis. Il a intégré tout l’îlot et projeté son architecture faite de courbes et contre-courbes désaxées dans un mouvement ascendant, un objet sculptural comme contrepoint à la rigueur géométrique du plan Perret. Son gabarit (environ 11 000 m2) et son emplacement, en continuité du bassin du commerce, font de cet ensemble un lieu emblématique, visible et participant à l’une des perspectives majeures de la ville du Havre. En vision lointaine, le bâtiment Niemeyer offre une image forte inscrite dans un cadre remarquable, devenue depuis 30 ans une icône pour Le Havre. La rencontre Perret/Niemeyer fait de ce site un exemple unique de l’architecture du XXe siècle. Il fait partie du centre ville reconstruit du Havre, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2005. Mais si les Havrais sont aujourd’hui fiers de ce geste architectural, il n’en a pas été toujours ainsi, les habitants ayant mis du temps à l’accepter…
Un escalier en pente douce qui change tout
Parfois surnommé “le pot de yaourt”, le Volcan a vu, au fil du temps, son béton se dégrader. Son espace de travail est devenu mal adapté aux besoins du personnel, son accès était difficile dû à sa situation en dessous de la voirie urbaine… Une vaste opération de restructuration a donc été lancée sous la houlette de Dominique Deshoulières, architecte mandataire de la réhabilitation, sélectionné en juillet 2010. Au programme : construction d’un grand escalier en pente douce menant à son entrée, remplacement des portes hydrauliques par des portes en verre, réduction du nombre de places dans la grande salle et apports de touches de bois dans les intérieurs. Grâce à un accord avec Oscar Niemeyer, obtenu avant sa mort en 2012, tout l’espace urbain, qui accueille un théâtre, un cinéma, des salles d’exposition et de répétitions a été désenclavé. La grande salle du Volcan a été entièrement repensée. Le son a été largement amélioré. Le “petit volcan”, qui servait auparavant de salle de répétition, sera transformé en bibliothèque, dont les travaux doivent être achevés en octobre prochain.