Inauguré lors de l’Exposition universelle de 1900, le Grand Palais est un bâtiment incontournable du paysage parisien. Fermé pour travaux, une version éphémère ouvre ses portes ce mois de mai. Retour sur un édifice emblématique.
En avril 1900, Paris s’ouvre au monde pour presque une année (212 jours), à travers la cinquième Exposition universelle. Au niveau du Cours La Reine à La Concorde, en passant par l’Esplanade des Invalides, la colline de Chaillot, le Champ-de-Mars, ainsi que les deux rives qui suivent ce parcours, plus de 83 000 exposants célèbrent les sciences, les arts et les différentes avancées techniques. L’exposition symbolise bien la liaison entre le passé avec ce thème principal “Bilan d’un siècle” et le futur avec le début de la Belle Epoque.
On peut y voir des projections des frères Lumière sur écran géant et pour la première fois, prendre notre bien aimé métro parisien sur la toute première ligne reliant Porte de Vincennes à Porte Maillot. Une connexion qui officie toujours de façon un peu plus moderne ! L’évènement est aussi marqué par la création d’espaces et de bâtiments composant toujours le paysage de la Capitale. Parmi ceux-ci, le Grand Palais fait partie de ces monuments qui ont épousé la ville, la caractérisent et la subliment.
Une histoire qui dure depuis 1900
Sa construction s’est déroulée entre octobre 1896 et mai 1900. Avec son 1 km de périmètre, le Grand Palais se compose de 200 000 t de pierres, 3 400 pieux en chêne, 9 056 t d’acier et 14 900 m2 de verre. La masse de matériaux ne le rend pas moins moderne. Son dessin est le résultat d’un croisement d’idées entre quatre architectes. Henri Deglane est en charge de la partie principale (donnant sur l’avenue Winston-Churchill), Albert Louvet de la partie intermédiaire. Et Albert Thomas de la partie postérieure, c’est-à-dire, l’actuel Palais de la Découverte.
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De son côté, Charles Giraud coordonne l’ensemble du chantier et réalise le Petit Palais. Le jeu entre le verre et l’acier en fait un bâtiment aérien et la pierre l’ancre dans le temps. Outre les 1 500 ouvriers mobilisés pour ce chantier, des dizaines d’artistes sont appelés pour orner l’édifice. Après l’Exposition universelle, le Grand Palais est toujours actif, accueillant des foires, des évènements sportifs et des manifestations artistiques. Dans des périodes plus sombres, le bâtiment a même servi d’hôpital pour militaires durant la Première Guerre mondiale.
Un lieu de rencontre, d’art et de manifestation
C’est pour conserver cette histoire et en écrire bien d’autres, que le Grand Palais a vécu plusieurs phases de travaux. En ce moment, l’édifice classé aux Monuments historiques fait l’objet d’un vaste chantier censé durer jusqu’aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Pour ne pas perdre de sa superbe, un bâtiment éphémère prend le relais ce mois de mai. Porté par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais et Paris 2024, et réalisé par la société GL Events, le Grand Palais Ephémère a été imaginé par l’architecte Jean-Michel Wilmotte.
Installée sur le Champ-de-Mars, face à la tour Eiffel, la réalisation de 10 000 m2 s’ancre dans une démarche éco-responsable et fait la part belle aux matériaux biosourcés, ainsi qu’à l’économie circulaire. Sur le site, la statue Maréchal Joffre ou encore les balustrades datant du XVIIIe siècle ont été protégées et restituées aux équipes du patrimoine historique de la Mairie de Paris. De plus, tous les pavés ont été reposés un à un. Dans la conception, l’idée de la modularité était aussi un paramètre important.
Un Grand Palais Ephèmere dans l’air du temps
En effet, le bâtiment peut se monter et se démonter facilement. Sa charpente courbe en double voûte est en bois et préfabriquée en atelier. Sa nef principale a ainsi une portée ininterrompue de 51 m dans la largeur et de 33 m dans la profondeur. Sans poteau ni élément structurel interrompant l’espace. Les 44 arches monumentales du Grand Palais Ephémère ont pu être assemblées sur place dans un délai de trois mois.
Presque posée comme un voile protecteur, une double peau en toile transparente vient finaliser le bâtiment. Issue d’une base minérale, elle dispose de bonnes capacités thermiques, acoustiques et de ventilation. Une extension peut être adjointe pour accueillir certaines manifestations. Et pour la petite histoire, le Grand Palais Ephémère est visible depuis la station spatiale internationale !
Avec la réouverture progressive des évènements et de la vie culturelle, ce nouveau lieu a déjà un programme bien chargé à découvrir ces prochaines années. Et comme le Grand Palais lors de l’Exposition universelle de 1900, son inauguration ce mois de mai marque le début d’une nouvelle aire et d’une nouvelle histoire au croisement du passé et du futur.