Olympi Chartres : Une ode à la perfection

Article paru dans le n°106 de Béton[s] le Magazine.

Ainsi, dans le passé, la Fédération de l’industrie du béton (Fib) avait déjà frappé un grand coup avec le projet d’habitations Le Onze¹, à Chartres. Recyclage et mixité des matériaux étaient alors au programme. Aujourd’hui, elle réitère l’initiative avec la résidence Olympi, toujours à Chartres. Avec un petit R+4 comportant 37 logements pour une superficie totale de 2 215 m². Exit ici la mixité : le projet est 100 % béton ! Mais pleinement inscrit dans les préceptes de la RE 2020. « Très tôt, nous avons cherché un modèle coopératif avec les entrepreneurs locaux du bâtiment, mais aussi avec le Cérib et la Fib. Ceci, dans une approche d’économie circulaire, par l’emploi de matériaux recyclés. Le tout, afin de limiter l’empreinte carbone de la construction et de sa vie en œuvre », résume Olivier Mautpetit, directeur de Pierres & Territoires Eure-et-Loir, maître d’ouvrage de l’opération.

Dans ce contexte, Olympi est devenue un démonstrateur à l’échelle 1 de l’intégration de granulats recyclés, de l’utilisation de systèmes constructifs décarbonés. Mais aussi, d’économie de ressources, de réduction des déchets…

L’appel du BIM

Ainsi, le premier élément visible – bien que virtuel – du projet fut l’élaboration du tout premier Dossier de consultation des entreprises (DCE) numérique BIM, adapté et accessible à des petites entreprises.

Puis, la phase “conception” a été conduite avec des outils Open BIM. Ce qui a nécessité un plan d’accompagnement pour une montée en compétence des acteurs concernés.

La déconstruction de deux anciens bâtiments présents sur la parcelle constitue le point de départ des travaux. Durant cette phase, près de 500 t de béton ont donc pu être récupérées. L’industriel Granudem les a alors valorisées à 100 %, en application routière et en granulats pour béton certifiés CE2+. Ces matériaux ont trouvé leur exutoire dans les bétons des fondations, des voiles contre terre, des dalles de compression. Tous coulés en place. La part atteint 20 %, ce qui est significatif. Sans compter que ces bétons sont formulés avec des ciments CEM II/A-L et CEM III/A.

Lire aussi : Résidence Le Onze : Un immeuble exemplaire issu de l’économie circulaire

Presqu’une révélation

L’autre source de matériaux recyclés est Lafarge, avec sa solution Aggneo, pour la formulation des bétons des prédalles. Quant aux bétons des escaliers préfabriqués, ils ont vu l’introduction de granulats carbonatés issus du Projet national FastCarb. Dont c’est la contribution au démonstrateur.

La grande singularité du chantier est son large recours aux solutions préfabriquées en béton. Presqu’une révélation pour l’entreprise francilienne ABT Prim. Plutôt habituée à une approche traditionnelle de la construction, avec un large usage de bétons coulés en place.

« La Fib et le Cérib sont venus nous voir pour nous nous faire mieux connaître leurs solutions, explique Jordi Abbas, constructeur de travaux chez ABT Prim. Nous avons accepté de jouer le jeu, pour améliorer nos savoir-faire, pour progresser dans le bas carbone et pour mieux maîtriser le BIM. Nous pensons à la planète… » ABT Prim fait déjà appel à des solutions préfabriquées, mais pas à un tel niveau !

Cinq industriels du béton mobilisés

Sur Olympi, la préfabrication a su apporter bien des avantages. Telle la rationalisation de la production. Tel le respect du planning. Telle la maîtrise des coûts. Telle la génération de moins de nuisances pour les riverains. Egalement telle une moindre pénibilité lors de la mise en œuvre. Sans compter le faible encombrement du chantier, sis en milieu urbain, qui ne disposait que de peu de place pour le stockage. Le Cérib a établi des indicateurs sur le cadencement des livraisons des produits et l’avancement des travaux à toutes les phases du chantier. Le tri des déchets n’a pas été omis. Il s’agissait pour l’entreprise de démontrer sa capacité à s’inscrire dans le déploiement de la Rep PMCB².

Cinq industriels du béton ont été associés au projet Olympi, apportant chacun leurs solutions constructives spécifiques. Dans cette logique, Alkern est venu avec son système R+Mur en béton bas carbone. Celui-ci combine des blocs béton courants Elitherm et des kits Elipsi. En l’occurrence, des Isoplanels de rives de dalles et des blocs isolants teintés (pour les distinguer une fois posés) pour murs extérieurs.

Ces éléments R+Mur sont formulés avec un dosage optimisé de ciment (6,5 %). Générant une empreinte carbone de l’ordre de 13 kg/m² de mur.

Entre décarbonation et valorisation

Rector a fourni l’ensemble des prédalles bas carbone RSoft. Celles-ci présentent un bilan de 9,87 kg de CO₂/m², soit une réduction de 50 % en comparaison d’une prédalle couverte par une Fdes³ générique. En plus, elles intègrent des armatures en acier recyclé et 14 % de granulats Aggneo. Spurgin Léonhart, lui, signe les prémurs, dont le béton est formulé à partir du ciment CEM IV de Vicat. Mais qui utilisent aussi des armatures en acier recyclé et près de 30 % de granulats Granudem.

Autre élément essentiel : les escaliers. Signés PBM, ils s’inscrivent dans la gamme Transition, qui voit la mise en œuvre d’un béton moins carboné, intégrant le CEM IV Vicat. Soit un impact carbone en recul de 20 à 30 %. Hélicoïdaux à noyau, ces escaliers voient aussi l’usage de 20 % de granulats carbonatés (piégeage de 15 kg de CO₂/t), issus du Projet national FastCarb. Enfin, pièces discrètes, mais néanmoins importantes, les appuis de fenêtre et les seuils de porte ne dérogent pas à la règle de la réduction de carbone.

Ainsi, c’est Weser qui en a assuré la préfabrication, avec un béton dont les émissions sont annoncées comme diminuées de 20 à 25 %. Quelque 156 ml ont été livrés pour les besoins du chantier.

Dalles sur plots, bordures ou encore pavés drainants Coquillage d’Alkern doivent encore être posés en fin de travaux. De quoi parachever ce projet qui est déjà une ode à la préfabrication

Frédéric Gluzicki

¹Lire sur www.acpresse.fr
²Lire aussi “Ecominéro : La Rep est désormais en application”
³Fiche de déclaration environnementale et sanitaire.

Article paru dans le n°106 de Béton[s] le Magazine.

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