L’une des sept merveilles architecturales du monde moderne, l’Opéra de Sydney est aussi une prouesse technique hors normes. Sa conception et sa réalisation étaient un véritable laboratoire d’essais à ciel ouvert.
Construction reconnaissable entre toutes, l’Opéra de Sydney est devenue l’emblème de l’Australie. Imaginé par l’architecte danois Jørn Utzon, le Sydney Opera House, qui occupe une superficie de 1,8 ha, s’inscrit dans une structure inédite : trois groupes de coquilles voûtées et entrelacées, disposées sur une vaste plate-forme et entourées de terrasses. La péninsule Bennelong Point, dans le port de Sydney, n’offrant que peu de place pour un projet aussi ambitieux, l’architecte a choisi de placer côte à côte les deux auditoriums principaux tandis que toutes les installations techniques sont nichés sous la plate-forme. Ce qui a permis de libérer l’espace supérieur et de créer une zone publique importante avec un escalier de 90 m de largeur. Le troisième ensemble de coquilles a été spécialement conçu pour abriter un restaurant.
Chantier à rebondissements
Le chantier s’ouvre en août 1958 pour s’étaler sur quatorze années au lieu de cinq prévues au départ. Il est marqué par de nombreuses difficultés. Et surtout par le départ d’Utzon, en 1966, à la suite d’un différend avec le nouveau gouvernement de Nouvelle Galle du Sud.
La première phase de travaux (1958-1961) a consisté [abonnés] en la construction de 580 piliers de béton enfoncés jusqu’à 25 m au-dessous du niveau de la mer et de la plate-forme qu’ils supportent. Mais comme les plans de l’édifice n’étaient pas aboutis au début du chantier, il a fallu détruire, puis reconstruire l’ensemble de cet ouvrage qui n’avait pas été calculé pour supporter la charge finale de la construction…
Le défi majeur de l’édifice était la construction des toits en forme de coquilles (1962-1967). D’après les plans d’origine de Jørn Utzon, la géométrie des coquilles ne ressemblait à aucune forme bien définie. Il a fallu trois ans pour mettre au point une solution technique viable pour les coques qui composent les coquilles : leur forme finale dérive de la surface d’une seule sphère imaginaire de 75 m de diamètre. Le calcul des forces des toits a marqué l’histoire de l’ingénierie à cause de l’utilisation pour la première fois de l’informatique pour les analyses requises.
Meccano en béton
Chaque coquille est composée de nervures (côtes) radiales préfabriquées rayonnant depuis un piédestal en béton et s’élevant jusqu’à une poutre faîtière. Côté extérieur, les nervures sont couvertes de tuiles en béton précontraint, en forme de chevron, elles-mêmes revêtues de tuiles en granite blanc. Cette solution a permis la suppression de poteaux d’appui. Pour stabiliser l’édifice et pallier les problèmes de dilatation et de contraction de béton, les coques ont été assemblées à l’aide d’une colle époxy. Côté intérieur, pour garantir une bonne acoustique, les auditoriums sont recouverts de contreplaqué aux formes arrondies.
La dernière phase de travaux (1967-1973) concernait les murs de verre laminé1 et l’aménagement intérieur. Estimés à 7 millions de dollars australiens, les coûts de la construction ont atteint 102 millions ! Les fonds n’ont pu être collectés que grâce à une souscription nationale. L’Opéra fut inauguré le 20 octobre 1973 par la reine Élisabeth II et, en 2007, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
1Le verre laminé est un assemblage de deux ou de plusieurs feuilles de verre et d’une ou plusieurs couches d’intercalaires, généralement de type polyvinyle butyrale (PVB), parfaitement reliés entre elles. [/abonnes]