Le Panthéon de Wroclaw

Rédaction
22/03/2021
Modifié le 16/05/2022 à 16:19

Depuis 2006, la Halle du Centenaire de Wroclaw, en Pologne, est inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco. Cet édifice en béton armé, construit entre 1911 et 1913, est l’œuvre de l’architecte Max Berg. Il a comme principale caractéristique d’être surmonté d’un dôme de 65 m de diamètre dont le sommet culmine à 42 m.

L'entrée principale de la Halle du Centenaire. Le dôme est couvert d'un toit en escalier flanqué d'une multitude de fenêtres, dont l'entourage est constitué d'un bois dur exotique. [©DR]
L’entrée principale de la Halle du Centenaire. Le dôme est couvert d’un toit en escalier flanqué d’une multitude de fenêtres, dont l’entourage est constitué d’un bois dur exotique. [©DR]

Wroclaw, l’ancienne Breslau allemande, renferme entre ses murs de nombreux joyaux architecturaux de toutes les époques. Parmi ceux-ci : la Halle du Centenaire (Jahrhunderthalle, en allemand, ou Hala Ludowa, c’est-à-dire Halle du Peuple, en polonais) mérite le détour. Cet ensemble architectural en béton armé forme un quadrilobe symétrique. Il est doté d’un vaste espace circulaire en son centre, lequel est surmonté d’une coupole de béton de 65 m de diamètre. Pour sa construction en 1911, il a fallu déployer des trésors d’ingéniosité, sélectionner les matériaux avec le plus grand soin, utiliser de nouvelles techniques de construction. 

Au début du printemps 1913, la superstructure est complète, les travaux de finition peuvent débuter. [©DR]
Au début du printemps 1913, la superstructure est complète, les travaux de finition peuvent débuter. [©DR]

En 1910, le conseil municipal de Breslau décide de créer une structure permanente pour accueillir des expositions et faire ainsi concurrence à Berlin, Dresde ou Francfort. Il fallait faire vite car tout devait être prêt pour 1913, date du 100e anniversaire du discours à la nation allemande du roi Frédéric-Guillaume III (appel à lutter contre Napoléon…). Architecte municipal de la ville, Max Berg (1870-1947) s’atèle à la tâche et présente un projet dès le début de 1911. 

Un chantier sous étroite surveillance

Max Berg, en 1909, au moment de son arrivée au poste d'architecte municipal de Breslau, aujourd’hui Wroclaw. [©DR]
Max Berg, en 1909, au moment de son arrivée au poste d’architecte municipal de Breslau, aujourd’hui Wroclaw. [©DR]

Fasciné par le style gothique et l’expressionnisme, l’architecte s’en inspire pour élaborer une structure monumentale moderne utilisant les caractéristiques dynamiques et esthétiques du béton coulé en place. Une première pour l’époque. Après approbation par le conseil municipal, le 28 juin 1911, les travaux débutent. 

Le chantier fait l’objet de soins attentifs de la part des ingénieurs dépêchés sur place. Ainsi, le professeur Heinrich Müller, de Berlin, vérifie la stabilité des sols. On fait venir un ciment spécial produit par les usines d’Opole, en Silésie. On emploie des tiges de renforcement en acier laminé de qualité supérieure, plutôt que de l’acier structurel standard. Des granulats à base de granite sont utilisés pour formuler les bétons des sections exposées aux plus fortes contraintes. On innove même avec l’utilisation de compresseurs électriques conçus pour assurer le pompage du béton. Pour être sûr de la solidité de l’ensemble, le béton est soumis à des essais de résistance qui durent des mois. On construit même une maquette en bois de l’abside à l’échelle 1:25, qui reçoit des charges de 6 t sans broncher ! 

Un dôme monumental

Le dôme en béton armé avec sa lanterne (une petite coupole d'acier et de verre) représentait en 1913 la mise en pratique de solutions structurelles d'avant-garde. [©DR]
Le dôme en béton armé avec sa lanterne (une petite coupole d’acier et de verre) représentait en 1913 la mise en pratique de solutions structurelles d’avant-garde. [©DR]

La Halle ouvre ses portes en mai 1913. L’Exposition du Centenaire attire plus de 100 000 visiteurs qui découvrent alors l’œuvre de Max Berg. En particulier le dôme monumental fait de béton “brut” et dépourvu de tout ornement superflu. A l’époque, c’est la coupole la plus grande jamais construite depuis celle du Panthéon, à Rome ! Après l’exposition, la Halle du Centenaire continue à servir en accueillant des foires internationales, des expositions artistiques… Ses 6 000 places assises permettant de réaliser n’importe quelle manifestation à grand spectacle. 

Relativement épargné par les bombardements durant la Seconde Guerre Mondiale, le monument est parvenu jusqu’à nous dans un bon état de conservation. Les travaux de rénovation, qui se sont achevés en 2006, devraient lui permettre de rester longtemps l’une des merveilles architecturales de Wroclaw. Et de Pologne. 

Christian Marie