L'excellente étanchéité à l’air est une donnée toujours d’actualité. Mais est-elle pérenne dans le temps ? Réponse avec Richard Delamare, de Diagtherm.
Vous avez été mandaté par l’Ademe de Normandie, afin de réaliser une étude sur l’étanchéité à l’air des maisons de type BBC, cinq ans après l’entrée des premiers occupants. Pourquoi avez-vous été choisi et en quoi consistait cette étude ?
Richard Delamare : En 2016, l’Ademe Normandie a lancé un appel d’offres pour une étude sur le vieillissement des dispositifs d’étanchéité à l’air dans les maisons BBC, construites entre 2007 et 2011. Diagtherm a été créée en 2007 et nous sommes l’une des premières entreprises à avoir réalisé ce genre de tests d’étanchéité à l’air pour ce type de bâtis. Nous possédions donc des données, qui nous permettaient d’établir des comparaisons.
Comment ont été sélectionnées les maisons, dont vous avez comparé les résultats ?
R. D. : Dans notre base de données de près de 150 mesures réalisées sur cette période en Normandie, nous avons cherché
à constituer un panel représentatif des modes de construction de l’époque. Ainsi, ce sont quelques trente maisons, construites en bois, en béton et en brique, qui ont été sélectionnées selon le cahier des charges de l’Ademe.
Quels sont les résultats de cette étude ? Notamment, peut–on parler de perméabilité pérenne des bâtiments?
R. D. : Dans la moyenne, non. Nous sommes passés d’un coefficient de perméabilité à l’air d’environ 0,4 m3/h.m², lors des tests
à réception des chantiers, à un coefficient qui est aujourd’hui à hauteur de 0,59 m3/h.m². Cela représente donc un écart important, qui cache surtout de nombreuses disparités. L’étanchéité à l’air de certaines maisons ne s’est pas dégradée, d’autres ont des différences notables.
R. D. : Il ne nous a pas été possible de déterminer si les matériaux de base, comme le bois ou le béton, avaient une incidence directe sur les résultats. Il faudrait pour cela mener une étude plus large et centrée sur ce sujet. Les résultats sont trop disparates, d’une situation à l’autre, pour estimer que dans le futur, il faille privilégier tels ou tels matériaux. En revanche, sur certains points, c’est bien le matériau utilisé, qui est en cause.
Pouvez-vous revenir sur ce dernier point?
R. D. : De nombreuses constructions, que nous avons étudiées et qui montraient des signes de défaut d’étanchéité à l’air, étaient par exemple traversées par des poutres. Les joints de ces maisons BBC avaient “craqué” (ou “se sont dégradés”) et n’avaient pas été changés. Cela représentait donc des fuites d’air, qui n’étaient pas présentes à réception des logements. On peut dire qu’il y a là, sans doute, un double effet de joints de basse qualité et d’un entretien limité du dispositif.
Y a-t-il un dénominateur commun à ces maisons BBC 2005 montrant des défauts d’étanchéité précis ?
R. D. : Oui. Et c’est malheureusement l’utilisateur des lieux. Plusieurs cas sont possibles, mais souvent, il s’agit d’un percement du dispositif, par exemple dans le but d’installer une antenne satellite, une nouvelle cuisine, une hotte ou un chauffage d’agrément (insert ou poêle à bois). Quelques fois, cet utilisateur n’est pas ou plus le constructeur de la maison. Par conséquent, il ne sait donc pas qu’il faut prendre des précautions avec les lieux.
Propos recueillis par Yann Butillon