Pont d’Aquitaine : De béton et de métal

Pendant très longtemps le franchissement de la Garonne à Bordeaux (33) fut un parcours du combattant. Aussi surprenant que cela puisse paraître, jusque dans les années 1960, la ville ne comptait que le seul pont de pierre auquel s’ajoutait le pont de chemin de fer de Gustave Eiffel.

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Ainsi, le grand pont de Bordeaux – ou pont d’Aquitaine – tire sa genèse de ce fameux pont de pierre inauguré en 1822. Son histoire est fertile en péripéties et commence aux environs de 1865. Dès ce moment, le pont de pierre est jugé insuffisant. Les études se multiplient pour aboutir, en 1909, au choix d’un pont transbordeur, dont la construction est confiée à la Société Cail-Fives-Lille. Le président de la République, Armand Fallières, en pose la première pierre le 19 septembre 1910. Interrompu par la guerre de 1914, les travaux sont abandonnés et les pylônes finalement démolis en 1942.

Ce sera un pont suspendu, en métal et en béton

Après la première guerre, les études recommencent. C’est ainsi qu’en 1932, le projet d’un grand pont rigide au droit du boulevard Brandenburg est lancé par un entrepreneur de constructions métalliques. A l’approche de la Seconde guerre mondiale, l’idée est émise de substituer le pont de pierre par un pont plus moderne et suspendu. Mais le conflit ne la fait pas aboutir, Il faudra attendre les années 1950 pour que les discussions reprennent : nouvel aménagement du pont de pierre, démolition ou construction d’un nouveau pont ? C’est au printemps 1953, lors d’une tournée de visite annuelle du Conseil des Ponts, que les choses se décantent enfin. La construction d’un nouveau pont – il sera suspendu, en métal et en béton – est actée. Il sera érigé t en aval de Bordeaux. Le maire de l’époque, Jacques Chaban-Delmas, est alors nommé ministre des Transports publics. Cela va faire accélérer le processus. Le 13 août 1954, une décision ministérielle retient les dispositions d’un avant-projet. C’est l’acte de naissance du pont d’Aquitaine.

Pour un volume total des bétons de 11 600 m³

A côté de la cité Claveau, le site de Belle-Vallée recevra le viaduc d’accès au grand pont. La première pierre est posée le 20 mai 1960. Le 1^er février 1966, alors que se termine la fabrication des éléments des travées métalliques commence le montage. Achevée en 1967, cette phase fait place aux travaux de finition : trottoirs, chaussées… Semblable à celui de Tancarville, l’ouvrage est alors l’un des plus importants de France. Ses caractéristiques sont impresionnantes : pont suspendu de 679 m en 3 travées de 143 m, 394 m et 143 m. Il est précédé d’un viaduc d’accès sur la rive gauche de 871 m, porté par 20 piles parallélépipédiques creuses variant de 8,81 m à 43,45 m de haut. Sa largeur est de 20,90 m, offrant 4 voies de circulation, 2 pistes cyclables de 1,50 m et 2 trottoirs. Sa hauteur est de 53 m sous le tablier dans l’axe de l’ouvrage par rapport aux plus hautes eaux. Il présente 2 pylônes en béton armé de 103 m de hauteur. Le volume total des bétons, y compris culées et massifs d’ancrage, atteint les 11 600 m³.

Inauguration en 1967

Ce nouveau pont est desservi du côté de Lormont par une autoroute réalisée, dans un premier temps, jusqu’à la Grave-d’Ambarès. Avant d’être prolongée au-delà de la Dordogne. Vers Bordeaux, le viaduc conduit soit aux boulevards actuels, aux bassins à îlot ou aux quais. Par la suite, par la grande rocade, il conduira aux diverses zones industrielles jusqu’aux grandes voies d’accès départementales comme nationales. Bordeaux cesse alors d’être un point noir sur l’itinéraire de Paris vers l’Espagne, pour devenir une plaque tournante du Sud-Ouest européen. Pesant 30 fois plus que la Tour Eiffel, le grand pont de Bordeaux est inauguré le 6 mai 1967. Il fait penser à son grand frère, le Golden Gate de San Francisco ! Construit par l’entrepreneur Bernard Campenon en collaboration avec l’architecte Jean Fayeton, il est alors le 3^e franchissement routier de la Garonne à Bordeaux. Bien qu’étant éloigné du centre-ville, l’ouvrage en raison de sa hauteur et de son imposante stature se glisse parfaitement dans le paysage bordelais.

Toujours surveillé de près

Mais les années passant, le trafic routier augmente sans cesse sur cet axe. Il faut alors se rendre à l’évidence : le pont d’Aquitaine est devenu trop étroit. Dans le même temps, l’ouvrage accuse le poids des ans et il devient alors urgent de le remettre en état. C’est ainsi qu’au début des années 2000 sont entrepris des travaux de grande envergure. Depuis le pont d’Aquitaine a été rendu à sa fonction. Aujourd’hui, il a été élargi et sa structure a retrouvé sa robustesse. Le viaduc étant soumis à d’importantes variations climatiques et à des contraintes diverses, il est quand même indispensable d’effectuer de nouvelles vérifications à intervalles réguliers.

M. C.

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