Édito
Cher Louis,
Pardonnez cette familiarité, j’ai l’impression que nous nous connaissons un peu. Pas un jour ne se passe sans que j’évoque votre souvenir. Pour une multitude de personnes, en France et ailleurs, vous êtes une sorte de héros, bien qu’ils ignorent tout de vous. On peut le dire, votre invention a changé la face du monde, alors que vous-même n’en avez tiré aucun profit, ni aucune gloire personnelle. Trop rares sont ceux, qui font passer le bien de la communauté avant leur propre intérêt. Vous, vous en faites partie, il est essentiel de le rappeler.
Depuis 1817, bien des choses ont évolué et vous ne soupçonnez même pas à quel point. A Souillac, votre pont est toujours débout, résistant sans faiblir aux assauts de la Dordogne. On lui a même fait faire une petite cure de jouvence. Il est comme vous l’avez connu… En deux siècles, votre invention en a entraîné beaucoup d’autres. Celle du béton armé, pour commencer. Puis, celle du béton précontraint. La reconstruction de l’après Seconde Guerre mondiale - oui, le monde a connu deux guerres monstrueuses, au XXe siècle - n’a été possible que grâce aux bétons, dont l’utilisation s’est généralisée. A partir des années 1980 et surtout 1990, le béton a connu un nouvel essor. Le BHP a vu le jour, en même temps que le Bfup. Puis, vinrent les Bap et les Bis. Que d’acronymes pour désigner diverses formes du béton au cœur desquelles votre invention occupe toujours une place centrale. Vous seriez surpris de voir que les bétons commencent même à communiquer. Les mages du passé savaient peut-être parler aux rochers, les ingénieurs d’aujourd’hui essaient de donner la parole aux pierres artificielles.
En 2017, personne ne vous a oublié. Vous avez même un timbre postal à votre effigie, sur fond de pont de Souillac. Début juin, vos “héritiers” se sont réunis pour fêter le bicentenaire de votre invention et aussi pour parler de son devenir.
Voilà, c’est pour vous dire toutes ces choses que j’ai décidé aujourd’hui de vous adresser ces quelques mots, que je vous transmets à travers le temps. Merci pour votre grandeur d’âme, merci pour votre générosité, merci pour votre humanité. Merci enfin d’avoir eu cette intuition, qui a donné naissance au ciment artificiel.
Sincèrement vôtre,
Frédéric Gluzicki
Directeur de la publication
ESPRIT BETON. Jason deCaires Taylor, le pirate des Canaries, au Museo Atlántico.
EN COUVERTURE. Evolutions dans l’adjuvantation.
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DOSSIER SPECIAL. Dolce vita en béton.
ZOOM SUR… Les acteurs de Bfup.
PASSE SIMPLE. Pont de Souillac dit “Louis Vicat”, une première mondiale en ciment artificiel.
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