Béton[s] le Magazine n°95

United Colors of Béton

S’il n’avait pas voulu provoquer Cyrano de Bergerac à propos de son nez, le vicomte de Valvert aurait très bien pu parler construction, en disant : « Votre... votre béton est... heu... gris ». Un peu court comme argument, même si conforme à la réalité. Le béton est le plus souvent gris. Et c’est là son moindre défaut. Certes, les nuances peuvent être très nombreuses, allant bien au-delà de cinquante. Mais on reste dans le gris, non pas par accident, mais par défaut. Cette limite, certains architectes n’hésitent pas à le corriger, lui donnant une blancheur qu’ils croient ou souhaitent éternelle. Ou alors en basculant vers l’anthracite ou le noir, couleur corbeau, pour ne pas dire aigle.

Si l’homme n’avait qu’une vision monochromatique, on pourrait en rester là. Mais il voit souvent la vie en rose, n’hésite pas à mettre une paire de docksides et un vieux ciré jaune... La couleur fait partie de son environnement dont l’architecture – du moins en ville – constitue un élément essentiel.

Le béton a cette extraordinaire faculté de pouvoir être coloré. Alors, pourquoi s’en priver ? Le gris renvoie à la modernité ou à la sobriété. Mais un rouge éclatant vivifie, un bleu profond apaise et un jaune solaire réchauffe. Il suffit de tourner quelques pages du présent numéro de Béton[s] le Magazine, pour réaliser que la ville peut être multicolore.

Frédéric Gluzicki

Directeur de la publication