Spécialiste de la conception et de la fabrication de machines pour la préfabrication et les armaturiers, Progress Machinen & Automation et son responsable des ventes pour la France, Benoît Guiberteau, posent un regard d’expert sur l’évolution de ce marché.
Article Paru dans le n°108 de Béton[s] le Magazine
Pouvez-vous rappeler à nos lecteurs quels sont les marchés de Progress ?
Le groupe Progress détient de nombreuses filiales gravitant toutes autour du béton. Les principales sont Progress Machinen & Automation, pour laquelle je travaille, et Ebawe. Originaire du Nord de l’Italie, la société est restée à 100 % familiale. Nos clients sont les industriels du béton, ainsi que les armaturiers. On parle de préfabricants à façon, producteurs de prémurs, de prémurs isolés, de prédalles, de murs massifs, de produits béton-bois. Côté armaturiers, il s’agit de producteurs de coupés-façonnés, d’armatures assemblées et sur catalogue, sans oublier les producteurs de panneaux spéciaux. Avec ces solutions, nous sommes présents dans 170 pays.
Pour la France, quelle est la branche la plus performante en termes de ventes ?
Les préfabricants représentent de gros volumes, même si les deux catégories sont très bien représentées. A mon avis, la France possède encore du potentiel dans le domaine de la construction par préfabrication. Et techniquement, le pays est le leader incontesté en Europe pour les prémurs. De même, sous l’impulsion de la RE 2020, nous travaillons sur de nouveaux concepts pour industrialiser des produits hybrides intégrant du végétal.
Lire aussi : Comment bien préfabriquer un prémur ?
Aujourd’hui, quelle est votre “meilleure vente” ?
Notre redresseuse à cages tournantes MSR et sa déclinaison BlueMesh qui intègre un portique de soudage pour avoir une machine à treillis spéciaux. C’est un très bon exemple de ce que nous cherchons à faire : plus d’automatisation et plus de flexibilité, ce qui est à la base antagoniste.
Vous proposez des systèmes de construction, l’heure est donc à l’industrialisation poussée de la construction ?
Comme je l’ai dit, à mon avis, ce type de technologies est encore sous-exploité en France. De même, avec le Covid, les questions de main-d’œuvre sont devenues prégnantes dans le BTP. En prenant le temps d’analyser la situation à un niveau macro-économique, il est clair que le coulé en place n’est pas toujours la meilleure solution. Partant de ce double constat, la préfabrication représente une solution pertinente et efficiente avec peu de personnel grâce à l’automatisation. On travaille dans de meilleures conditions, de manière plus rationnelle, tout en diminuant la pénibilité. C’est l’évolution actuelle des installations comme de la société.
Vous avez aussi un département logiciel et l’industrie 4.0 est sur toutes les lèvres. Proposez-vous l’acquisition et la gestion des métadonnées ?
Non. L’industrie 4.0 est loin d’être une réalité dans la préfabrication. Nous sommes dans un marché de niche très spécifique. L’informatique se cantonne souvent à harmoniser les différents logiciels entre eux : ERP1 / MES2 / machines /dessins éléments. Depuis quelque temps, nous incluons des écrans pour aider les opérateurs dans leurs tâches de production et de contrôle. En particulier, avec des écrans offrant de la réalité augmentée pour faciliter les contrôles qualité en cours de production. Mais au sens strict, il n’y a pas encore d’optimisation basée sur des métadonnées.
Pour la France, quels sont aujourd’hui vos plus gros projets ?
La livraison des machines pour la réalisation des armatures pour le Telt3 est un joli chantier référence. Cela a repoussé nos limites en termes de conception d’armatures. Puisque les voussoirs imposent les armatures les plus exigeantes à produire, on parle d’une précision millimétrique avec des géométries très spécifiques. Enfin, nous travaillons sur de grands projets de carrousels pour les préfabricants d’éléments en béton armé.
Propos recueillis par Yann Butillon
1Un système ERP (Enterprise resource planning) est un type de logiciels que les entreprises utilisent pour gérer leurs activités quotidiennes, telles que la comptabilité, les achats, la gestion de projets, la gestion des risques et la conformité, ainsi que les opérations de supply chain.
2Un logiciel de pilotage de la production (Manufacturing execution system) est un logiciel collectant en temps réel les données de production d’une usine ou d’un atelier, données qui sont analysées quant à la traçabilité, le contrôle de la qualité, le suivi de production, l’ordonnancement et la mintenance préventive et curative.
3Tunnel euralpin Lyon Turin.
Article Paru dans le n°108 de Béton[s] le Magazine
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