Alors que les ministres Barbara Pompili et Emmanuelle Wargon ont présenté les orientations, la méthode et le calendrier de la RE 2020, la FBB s’inquiète des objectifs et des délais annoncés, qui lui semblent irréalistes.
La Fédération française du bâtiment (FBB) s’inquiète des objectifs et des délais annoncés. Qui lui semblent irréalistes. Ceci, alors que les ministres Barbara Pompili et Emmanuelle Wargon ont présenté les orientations, la méthode et le calendrier de la Réglementation Environnementale 2020 (RE 2020).
Elle n’est pas la seule, les industriels du secteur sont même plutôt remontés ! Toutefois, la fédération se félicite d’avoir été entendue sur la nécessaire progressivité de l’exigence carbone prévue par la RE 2020.
La future règlementation s’apprête à remplacer l’actuelle RT 2012. Ceci, pour construire les bâtiments responsables de demain. A savoir, moins énergivores, dotés d’une empreinte carbone réduite et mieux adaptés au changement climatique.
• Premier point
Dans la RT 2012, l’utilisation du gaz pour le chauffage était prônée. Cela a d’ailleurs donné lieu à des investissements conséquents. Qui ont été faits tant pour développer le gaz “vert” que pour maintenir un réseau de distribution de qualité. De plus, les solutions alternatives peinent à devenir compétitives.
Et là patatras, cette source d’énergie se trouvera exclue dès 2021 des maisons individuelles neuves ! Puis, de l’ensemble des logements neufs à compter de 2024. « Au-delà de l’incohérence de ces choix politiques, il s’agit là de la mort annoncée à terme d’une filière porteuse d’emplois qualifiés. Choix d’autant plus désastreux que les équipements concernés s’avèrent en majorité produits en France », indique la FBB dans son communiqué de presse.
• Deuxième point
S’agissant des matériaux utilisés, l’arbitrage prévoit qu’en 2030, la construction bois deviendra la norme pour la maison individuelle. Et sera très couramment utilisée pour la structure des logements collectifs. « La FFB est favorable à un accroissement de l’utilisation des matériaux biosourcés. Cette trajectoire sous-estime les nécessaires adaptations des différentes filières. Ceci, compte tenu des parts de marchés actuelles et du manque de visibilité sur les capacités de production françaises. » De plus, la fédération déplore qu’aucune information ne soit donnée quant aux seuils applicables aux bâtiments tertiaires visés aussi par la réglementation dès l’été prochain.
• Troisième point
En parallèle, la FFB regrette l’absence de présentation d’une étude technico-économique globale. Et ne partage pas les 3 à 4 % de surcoûts immédiats annoncés, qui sont largement sous-évalués, selon elle. Le risque d’éviction des ménages les plus modestes est réel.
• Dernier point
La FFB demande une reprise des discussions pour étudier plus finement et de manière transparente les impacts économiques à court et moyen terme.
Pour Olivier Salleron, président de la FFB : « L’orientation politique, si elle a le mérite d’être clairement affichée, manque de réalisme. Nous n’avons pas besoin de “jouer aux apprentis sorciers” en cette période de grave crise économique d’une intensité jamais connue. Dont les premiers effets seront ressentis dans le BTP l’année prochaine. C’est vouloir mettre de la complexité lors d’une année de reprise économique, en méconnaissant les délais nécessaires pour adapter les filières. Ce sont des dizaines de milliers d’emplois mis en danger inutilement, dans l’industrie et le BTP ».