Avec la fin du Cite et l’arrivée de la nouvelle prime fusionnée, le gouvernement va-t-il tuer les aides consacrées à la rénovation énergétique ?
Le gouvernement est-il en train d’enterrer les aides dédiées à la rénovation énergétique ? Pour différents acteurs du secteur, les mesures prévues dans le projet Loi Finance (PLF) n’augurent rien de bon. En effet, alors que la majorité des Français ne connaissent pas le Cite (7 % en 2019, selon le baromètre annuel Monexpert-renovation-energie.fr et OpinionWay), le dispositif est voué à disparaître pour laisser place à une prime fusionnée. Ainsi, les aides de l’Etat (Cite et Anah) seront combinées aux CEE [Lire notre article à ce sujet]. Selon le gouvernement, cette nouvelle prime versée lors de la réalisation des travaux permettra de diminuer la part de financement des ménages, et notamment des plus modestes. Dans l’état actuel des choses, cette aide va être plafonnée et le calcul final montre une augmentation du reste à charge pour tous types de ménages… Selon la Capeb, « les très modestes qui pouvaient réaliser, en 2019, des opérations à 0 €, en cumulant tous les dispositifs, vont devoir débourser en 2020, à leurs frais, des montants très importants, équivalant à 25 % des travaux réalisés ».
Des incohérences de parcours pour la rénovation énergétique
C’est pourquoi la confédération d’artisans « dénonce l’incohérence de la politique gouvernementale en matière environnementale et économique ». Même son de cloche pour Teksial/Monexpert-renovation-energie.fr, qui regrette ces contradictions. « Nous sommes inquiets, quand nous savons que 24 % des Français ne souhaitent pas réaliser des travaux de rénovation pour des questions de moyens », explique Matthieu Paillot, président de Teksial/Monexpert-renovation-energie.fr. Une préoccupation légitime surtout, si le gouvernement compte toujours éradiquer les passoires thermiques, atteindre les 500 000 rénovations/an et réduire les émissions de carbone de la France…
« La complexité du nouveau dispositif le rend extrêmement difficile à expliquer tant par les artisans, qui conseillent leurs clients que par les particuliers, qui envisagent des travaux, se désole Patrick Liébus, président de la Capeb. Tout est orienté vers une politique sociale, qui n’est pas une politique environnementale et moins un levier économique. Le résultat de ces dispositions sera regrettable… Les répercussions sur le marché de la rénovation seront sévères, les passoires thermiques ne seront pas éradiquées, les ménages modestes continueront à utiliser leurs chèques-énergies. Et le bilan carbone stagnera pour longtemps. On peut se demander où est le bénéfice de cette réforme, si ce n’est pour les caisses de l’Etat ! »
Reste à savoir si le gouvernement va maintenir ces dispositions d’ici l’examen du projet Loi Finance à l’Assemblée nationale fin décembre… Et dans ce contexte, quels rôles vont jouer les campagnes Faire et Sare ?