Quelque 414 voûtes dessinent les façades du projet marseillais de la Porte Bleue, imaginé par PietriArchitectes. Toutes ont été préfabriquées en béton armé de teinte blanche.
Article paru dans Béton[s] le Magazine n° 113
Avec ses voûtes multiples, elle se veut le symbole de chacune des origines présentes à Marseille. Et, plus largement, sur le pourtour méditerranéen. Ainsi, la Porte Bleue, projet résidentiel à la fois hôtel et appartements privés, puise dans nombre de références, à l’image des voûtes du Palais des Civilisations Italiennes (1) de Rome. Mais aussi à celle de l’église marseillaise de La Major. Ou encore, dans l’architecture bordant la Méditerranée, riche de toutes sortes de voûtes habillant les façades des bâtiments. De même, de par ses dimensions – un immeuble de 53 m de haut –, elle présente l’aspect monolithique d’une porte d’entrée de ville. Aspect renforcé par sa position géographique, à la croisée des chemins entre le port et la cité. Ses façades voûtées rattachent enfin l’édifice à l’histoire de notre civilisation judéo-chrétienne, elle-même emprunte des civilisations antiques grecque et romaine…
Projet phare de l’agence PietriArchitectes, la Porte Bleue n’est pas bleue, mais blanche, immaculée, référence à la couleur calcaire omniprésente à Marseille. Et teinte-signature de l’agence d’architecture. Le vocable “bleu” renvoie sans doute possible aux nuances des eaux de la Méditerranée.
Le choix du béton armé blanc
Pour les voûtes des façades, le béton s’est imposé comme matériau pertinent, car à la fois pérenne, résistant et esthétique. Toutefois, deux options cohabitaient : le Bfup (comme sur la tour mitoyenne La Marseillaise) ou le béton armé plus classique. Le choix s’est arrêté sur la seconde version, une formulation dans une livrée blanche et avec une classe d’exposition supérieure pour protéger de la corrosion potentielle due à la proximité avec la mer. Ce béton présente aussi une grande résistance pour bénéficier de voûtes fines.
Ces éléments de façade sont en réalité constitués de modules prenant la forme d’un “Y”. Posés côte à côte et liés par clavetage aux poutres et aux dalles, ils donnent naissance aux voûtes en tant que telles. Ces dernières constituent une des structures porteuses du projet.
Au nombre de 414, les voûtes ont été réalisées hors site, au sein des ateliers de Méditerranée Préfabrication (Vinci Construction), sur le site d’Aubagne, distant de moins de 20 km du chantier. L’industrialisation a été opérée sur la base de 13 modules de base, qui ont permis la production de 578 éléments. Pour ce faire, Technique Bois Système a livré, depuis son site de Saint-Marcellin (38), quelque 110 moules, dont certains ont pu être réutilisés 30 fois.
Le bas carbone comme cahier des charges
Les bétons des voûtes répondaient à un cahier des charges strict, en termes d’impact carbone. Pour y répondre, Méditerranée Préfabrication et Travaux du Midi, entreprise en charge du chantier, ont mis au point des bétons à impact carbone réduit. Autoplaçants, ceux-ci ont été formulés sur la base d’un ciment blanc Lafarge de l’usine du Teil (07), additionné de 50 % de laitier de hauts fourneaux Ecocem de Fos-sur-Mer (13). Quelque 700 t de laitier ont ainsi été fournies, permettant la production d’environ 720 m3 de béton blanc.
Sachant qu’en totalité, le projet de la Porte Bleue a nécessité près de 7 300 m3 de béton. Et l’approche de décarbonation a permis de réduire de 25 % l’empreinte CO2 des bétons sur la totalité du bâtiment.
Une forte adjuvantation essentielle
Dernier élément et non des moindres, l’adjuvantation. Quatre solutions Chryso GCP (groupe Saint-Gobain) ont ainsi joué un rôle important dans la réussite du projet. A commencer par le superplastifiant Chryso Optima 145, qui a permis d’obtenir un béton fluide, tout en maintenant son ouvrabilité. Le viscosant Chryso Plast V90 a, lui, réduit la ségrégation et la sensibilité aux variations du matériau. Et l’agent réducteur de bullage Chryso AB 42 a amélioré la qualité de parements. Par ailleurs, l’huile de démoulage Pieri Clarol 200 a été utilisée, afin de faciliter le processus de démoulage des pièces préfabriquées, pour une qualité de parements soignée.
1 Œuvre des architectes Giovanni Guerrini et Ernesto Lapadula, ce bâtiment a été livré en 1940. Monument emblématique de l’architecture fasciste du XXe siècle, il est aujourd’hui le siège de la marque de luxe Fendi.
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Article paru dans Béton[s] le Magazine n° 113
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