Au début de l’année 2021, Cem’In’Eu a mis en service sa deuxième usine de production cimentière en France. Son nom : Rhône Ciments.
C’est à Portes-lès-Valence, dans le département de la Drôme, que Cem’In’Eu a déposé les bagages de sa deuxième unité de production de ciments en France. La nouvelle entité fonctionne sous la marque locale Rhône Ciments. Comme c’est déjà le cas pour l’usine de Tonneins, dans le Lot-et-Garonne, premier site de l’industriel, en fonctionnement depuis et connu sous la marque Aliénor Ciments. « Pour nous nouvelle usine drômoise, nous nous sommes appuyés sur le même modèle industriel, corrigeant au passage les quelques imperfections de l’unité historique de Tonneins… », explique Olivier Evrain, directeur commercial et marketing de Cem’In’Eu. La seule différence importante concerne le broyeur à boulets : un InterCem, à Tonneins et un Fives FCB B-Mill, à Portes-lès-Valence.
La démarche industrielle de Cem’In’Eu est inchangée depuis la naissance de la marque en 2014. « Nous cherchons à créer de petites usines proches de leurs marchés locaux, donc ancrées dans les territoires », reprend Magali Laurenço, directrice du site Rhône Ciments. Ainsi, certains fournisseurs de la marque sont des “voisins”, à l’image du fabricant de palettes… « Nos clients, qu’il s’agisse de petites ou de plus grosses entreprises, prêtent beaucoup d’attention à cette proximité. De plus, étant local, nous minimisons au maximum le CO2 lié à la logistique. »
CE, NF et ISO attribuées
D’une capacité de l’ordre de 240 000 t/an en pleine marche – qui devrait être atteint à fin 2023 -, l’usine Rhône Ciments monte peu à peu en régime. « Nous étions à 62 000 t en 2021 et la tendance est de 150 000 t pour 2022 », souligne Magali Laurenço. Sachant que l’unité est entrée en production en février 2021, avec plus de 6 mois de retard sur le calendrier initial. Il est vrai que la pandémie du Covid a stoppé net le chantier durant près d’un semestre en 2020 ! Mais depuis, les choses sont rentrées dans l’ordre. Rhône Ciments a décroché son marquage CE dès mai 2021 et les marques NF des produits fabriqués sont arrivées en février et en mars 2022. Et en avril 2022, l’usine a obtenu en même temps ses certifications ISO 9001 (pilotage de la qualité) et ISO 14001 (pilotage environnemental). Trois ciments sortent de la chaîne de production : un CEM I 52,5 R, un CEM II/A 42,5 R et un CEM II/B-LL 32,5 R. Des produits disponibles en vracs et en sacs, pour deux d’entre eux. « Le CEM II/B-LL 32,5 R est proposé en sacs de 25 kg et de 35 kg, vendu sous la marque FaciliCim. Quant au CEM I 52,5 R, nous le proposons depuis peu en sacs de 25 kg. La marque du produit est RobustiCim », détaille Olivier Evrain.
Des sacs en polyéthylène à base de recyclés
L’avantage des sacs de 25 kg est de permettre le conditionnement en petites palettes de 980 kg, plus simples à transporter et appréciées des négoces locaux pour des questions de stockage. Les sacs de 35 kg, eux, permettent la constitution de palettes de 1,47 t. Autre singularité de l’offre Cem’In’Eu, les sacs sont en polyéthylène, gardant ainsi le ciment bien au sol, même en cas de stockage en extérieur et sous la pluie. Une fois ouverts, ces sacs restent refermables à l’aide d’une pince spéciale développée pour cet effet et faisant office de pognée de transport. « Près de 30 % du polyéthylène entrant dans la composition de nos sacs sont issus du recyclage. Nous travaillons à augmenter cette part jusqu’à 50 % », confirme Olivier Evrain. Et de poursuivre : « Dans le cadre de notre approche RSE, nous sommes en train de voir comment encore mieux accompagner nos clients dans leur démarche de recyclage ».
La zone de chalandise de la nouvelle usine Rhône Ciments est centrée sur le quart Sud-Est de la France, plus ou moins élargi en fonction du type de conditionnements. Ainsi, la vente en vrac est proposée sur les départements de l’Ardèche, de la Drôme, de l’Isère, du Rhône, de la Saône-et-Loire, de la Savoie et de la Haute-Savoie. Quant à la vente en sacs, elle intègre en plus les départements des Alpes-Maritimes, de la Loire, de la Haute-Loire, du Puy-de-Dôme et du Var.
Des ciments bas carbone lancés sous peu…
Côté ciments en cours de développement, Rhône Ciments a finalisé des essais autour d’une double offre bas carbone de type CEM II/B-M (P-LL) 42,5 R et CEM II/C-M (P-LL) 42,5 R. La première sera dédiée à la ligne “vrac” tandis que la seconde ne sera disponible qu’en sacs. La mise sur le marché de ces nouveaux ciments à base de pouzzolane est prévue durant le premier trimestre 2023. « Il s’agit d’une réponse à la demande de nos clients, en attente de solutions cimentaires moins carbonées. En tant qu’industriels, nous nous devons d’y répondre. » En revanche, le cimentier ne mène, pour le moment, aucune réflexion sur les ciments ternaires de la nouvelle famille des CEM VI…
L’usine Cem’In’Eu de Portes-lès-Valence est basée sur le même fonctionnement que celle de Tonneins. La matière première principale – à savoir, le clinker – est acheminée depuis la zone portuaire de Fos-sur-Mer, à partir du terminal Cem’In’Log. Rhône Ciments profite en plus d’une double logistique. Tout d’abord, la voie ferrée, qui arrive jusqu’u cœur de l’usine. A raison de deux trains pas semaine depuis le mois de septembre dernier, chargés de conteneurs 20’’ transportant chacun 32,5 t de clinker, pour un poids total de 1 750 t. L’autre moyen de transport est la voie d’eau, c’est-à-dire par barges de 1 500 t au maximum remontant le Rhône. Deux à quatre unités font le voyage tous les mois. Les convois fluviaux arrivent à l’entrée de Portes-lès-Valence, à 500 m de l’usine… Ce dernier saut de puce se fait par camions.
Un broyeur Fives FCB à débit variable
Au total, l’usine bénéficie d’un stock de 10 000 t de clinker, soit environ 3 semaines de production. Le gypse, lui, provient d’une carrière Etex de Mazan, dans le Vaucluse. Compte tenu des “faibles” quantités nécessaires, il est acheminé par la route. Six à huit semi-remorques de 30 t effectuent le trajet chaque semaine. Même méthode pour le calcaire, mais issu d’une carrière drômoise distante d’à peine 15 km de l’usine. A ces matériaux de base s’ajoutent un classique réducteur de chrome VI, ainsi qu’un agent de mouture.
La production s’articule autour d’un broyeur Fives FCB B-Mill (comme déjà souligné). Cet équipement offre un débit variable en fonction de la nature du ciment : 45 à 46 t/h pour le CEM II/B 32,5 R, 33 t/h pour le CEM II/A 42,5 R et 22 t/h pour le CEM I 52,5 R. Cette différence est liée à la finesse Blaine attendue pour le ciment.
Les produits finis sont stockés au sein de six silos en acier d’un contenant unitaire de 600 t, dont quatre adaptés au vrac et aux sacs. L’atelier de conditionnement des sacs a été configuré par Haver & Boecker dont l’ensacheuse Adams à dix becs constitue l’outil central. Un ensemble de palettisage/houssage complète ce dispositif. Vingt-deux personnes composent les forces vives de l’usine, réparties en quatre équipes intervenant en permanence environ 6 j/7.
Frédéric Gluzicki