La “conversation pour demain” avec David d’Equainville, "L'architecture est un sport de combat", paraît au moment où l’exposition sur Rudy Ricciotti voit le jour à la Cité du patrimoine et de l’architecture (à Paris, jusqu’au 8 septembre). A décourvir.
C’est en piétinant le béton frais sur les chantiers que Rudy Ricciotti découvre un avenir au potentiel extraordinaire. Ce matériau qui « peut inspirer l’effroi dans certaines banlieues et ailleurs toucher au sublime », deviendra par la suite un compagnon indépendant et exigeant, prêt à toutes les aventures. Ruddy Ricciotti excelle en ingénierie comme en narration. C’est un redoutable pamphlétaire et militant. Et le livre “L’architecture est un sport de combat” en est un parfait exemple. Il fait rage à chaque page.
L’architecte, chantre du béton et défenseur des savoir-faire locaux, dresse un portrait sans concession de sa profession et de son enseignement. Il a le goût de mots et des formules qui font mouche. Il (dé)montre au travers de sa propre pratique, et par l’exemplarité de ses réalisations les plus emblématiques, qu’il existe « d’autres façons de bâtir, de penser et de dire les lieux ». De sa verve lyrique et cinglante, Rudy Ricciotti n’hésite pas à sabrer le “salafisme architectural” ambiant – ce minimalisme désincarné qui règne sur la création contemporaine -, la “pornographie réglementaire” d’une administration omnipotente, sans oublier la “fourrure verte” et la “terreur verte” de la HQE, nouvelle doxa environnementale, l’inexpertise crasse des enseignants en écoles d’architecture…
Une exposition minimaliste
Cette “conversation pour demain” avec David d’Equainville paraît au moment où l’exposition sur l’architecte voit le jour à la Cité du patrimoine et de l’architecture (à Paris, jusqu’au 8 septembre). A n’en pas douter, Rudy Ricciotti est “The” architecte de l’année, l’acteur majeur de la nouvelle vague architecturale française. Bien qu’il soit ennemi du minimalisme et chantre des bâtiments charnels en résille de béton, son exposition l’est dans sa conception.
S’articulant autour de 30 bâtiments (projets imaginés, aboutis ou en cours), dont les récents musées Cocteau à Menton, l’aile des arts de l’Islam au Louvre1, le MuCem2 (Mussée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) à Marseille ou le futur stade Jean Bouin3 à Paris, et autour de ses 20 années de carrière il n’y a ni maquettes ni dessins, plutôt des aquarelles, des écrans géants de télévision, des photos, des moules grandeur nature de portiques, des prototypes de structure, un film de Laetitia Masson. Une exposition qui se touche, qui donne à voir… un rapport au sensuel comme son architecture qui n’en est que plus sexy avec ses résilles ! Une excursion dans le monde de Ricciotti sans concession, ce provocateur qui n’a pas sa langue dans sa poche, toujours prêt à “foutre la merde” et toujours prêt à nous en mettre plein les yeux avec ses réalisations.
1) Retrouvez l’article sur le Louvre dans le numéro 40 de Béton[s] le Magazine, p. 46.
2) Retrouvez l’article sur le MuCem dans le numéro 46 de Béton[s] le Magazine, à paraître
3) Retrouvez l’article sur le stade Jean Bouin, dans le numéro 42 de Béton[s] le Magazine, p. 36.