Un pas en avant pour Saint-Gobain, un autre pour Sika, la balle au centre. Mais c'était sans compter sur les rebondissements du 17 mars.
On apprenait en février dernier que Saint-Gobain lorgnait sur Sika. Que ce dernier se refusait tout rapprochement, mais que Saint-Gobain persévérait. Depuis, chacun y va de ses tentatives.
Le conseil d’administration de Sika a d’abord brandi la menace d’une démission de 6 de ses 9 membres, si la holding familiale Schenker-Winkler (SWH) parvenait à ses fins, en évinçant tout ou partie des trois administrateurs. Parmi eux, le président, Paul Hälg, particulièrement virulent dans la bataille anti-Saint-Gobain. Le conseil a annoncé soutenir par ailleurs les trois résolutions proposées par certains groupes d’actionnaires minoritaires pour faire obstacle à la prise de contrôle par le Français. Et notamment, celle de la fondation Ethos, qui voulait supprimer la clause d’opting out. C’est cette clause sur laquelle comptait Saint-Gobain pour être exempté de lancer une offre publique d’achat sur tout le capital de Sika. Après la décision de la Commission suisse des OPA, cette résolution ne passerait que si le conseil mettait en œuvre sa décision de réduire les droits de vote de SWH à moins de 5 %. Un point clef que le tribunal cantonal de Zug, saisi par SWH, doit trancher avant l’assemblée générale (AG).
Justement cette AG que Sika voulait extraordinaire pour mettre toutes les chances de son côté, Schenker-Winkler détenant 16 % environ du capital de Sika, mais près de 53 % des droits de vote. Le tribunal vient de considèrer qu’une assemblée générale extraordinaire(AGE) n’est pas nécessaire, parce que Sika doit de toutes les façons tenir son assemblée générale annuelle le 14 avril prochain. Un pas en avant pour Saint-Gobain, un autre pour Sika, la balle au centre.
C’était sans compter sur le dernier rebondissement, en date du 17 mars. Les deux résolutions, soutenues par le conseil d’administration pourraient être adoptées. C’est la majorité en capital qui est requise pour les approuver. La première consiste à conduire un “audit spécial” qui enquêterait, en remontant jusqu’à deux ans en arrière, sur les coulisses de l’accord entre Saint-Gobain et SWH. Il s’agirait de vérifier notamment si des informations confidentielles sur Sika ont été portées à la connaissance de ces deux entités. La seconde résolution semble plus problématique pour Saint-Gobain. Un “comité d’experts spécial” serait nommé « au moins jusqu’à l’assemblée générale de 2017 de Sika […] pour passer en revue et enquêter sur la future gestion de l’activité de Sika en relation avec SWH, la famille Burkard [propriétaire actuel de SWH, NDLR] et Saint-Gobain, particulièrement en regard de ses effets sur les actionnaires publics », annonce le communiqué.