A Bobigny, en Seine-Saint-Denis, Demathieu Bard Bâtiment Ile-de-France poursuit la construction du site olympique Prisme.
Article Paru dans le n°107 de Béton[s] le Magazine

De loin, ils ne paraissent pas si hauts. Mais dès que l’on se trouve à leur pied, l’impression de vertige est là. Pour les plus imposants, ils grimpent à près de 20 m, soit l’équivalent d’un immeuble de 5 étages ! “Ils”, ce sont les voiles principaux composant le nouveau Pôle de référence inclusif et sportif métropolitain. Ou Prisme, pour les intimes. Sis à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, le projet s’inscrit dans le cadre des sites destinés à la tenue des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
En un même lieu, la construction regroupe une multitude d’activités. Dont la première est un centre sportif s’articulant autour de deux salles homologuées. Qui seront dédiées à l’entraînement et aux compétitions de handball, de basket, de volleyball ou encore de badminton. Murs d’escalade, salle d’armes, de musculation, dojo… complètent le dispositif. Prisme intègre aussi un pôle médical et de recherche. Et un autre, de ressources (bureaux pour fédérations sportives, salles de formations et de séminaires). Dans les faits, le lieu sera accessible à tous les publics, qu’ils souffrent de handicaps ou non. Et pourra accueillir jusqu’à 1 500 usagers en même temps.
Limiter le travail en hauteur
Pour répondre à ce riche cahier des charges, Christophe Gulizzi Architecte et l’Agence Romeo Architecture (Ara) ont imaginé un vaste volume en béton brut intérieur. Se développant sur quelque 8 200 m2 de surfaces utiles. Ceci, pour une superficie hors tout de plus de 13 000 m2. Point remarquable de la construction : les voiles de grande hauteur. En charge des travaux, Demathieu Bard Bâtiment Ile-de-France a dû mobiliser d’importants moyens humains et matériels. Dont une bonne partie des banches-outils Sateco SC 1015 Box à peau inox du parc matériels de l’entreprise. Une superposition de cinq banches de 2,80 m x 2,40 m constituée souvent les trains de coffrage. Complétée d’une rehausse ou d’une sous-hausse selon la configuration.
« Chaque coulage nécessite entre 7 h et 9 h de travail et la mise en place de 50 à 60 m3 de bétons. Coulés à une vitesse de montée dans le coffrage limitée à 1,80 m/h », explique Raul De Sousa, maître-compagnon au sein de Demathieu Bard Bâtiment Ile-de-France.
Lire aussi : Gerland se refait une beauté
Des cheminée de bétonnages utilisées
Au vu de la hauteur de chutes potentielles du béton, des cheminées de bétonnage, percées à différents niveaux, ont été utilisées au départ. Mais remplacées dans un second temps par des tubes plongeurs de différentes longueurs. Les cheminées engendraient des projections de béton sur la peau des coffrages, visibles à la surface des voiles après décoffrage. Par ailleurs, afin de limiter le travail en hauteur, les équipes ont réalisé les cages d’armatures au sol. Rigidifiées à l’aide de 2 profilés métalliques en “H”, ces dernières pouvaient être levées à l’aide d’une grue munie d’un palonnier. D’une capacité de 6 t et mises en place dans les coffrages.
Cinq poteaux-champignons identiques, mais différents
Pour la fourniture des bétons, Demathieu Bard Bâtiment Ile-de-France a choisi de travailler avec Lafarge France. Ainsi, l’industriel a, en particulier, livré un Bap de la ligne Agilia Architectural (environ 2 000 m3). De classe d’exposition XF 1 (gel faible à modéré). Il est formulé sur la base d’un ciment CEM I 52,5 N SR5 PM CP2 NF C . Et de granulats présentant un Dmax allant de 8 à 22 mm. De quoi garantir la qualité des parements attendue : finition P3 sur l’échelle de bullage. D’autant plus que certains voiles intègrent des engravures figurant des personnes s’adonnant à une activité sportive…
Lire aussi : Grand Paris Express : En route vers Orly, en métro
.
.
Une fois décoffrés (environ 14 h après le coulage), les voiles sont étayés pour assurer leur stabilité durant la montée en résistance. Et en attendant la pose des éléments de charpente.
« A ce niveau, nous avons utilisé pas moins de 200 étais de réglage Peri de type RS 1400. Vidant pour ainsi dire le parc matériels de notre fournisseur ! », sourit Raul De Sousa.
Outre le Bap des voiles, Lafarge France a livré un béton blanc, entre autres. Ceci, pour le coulage de cinq poteaux-champignons, tous différents au départ.
Toutefois, les architectes ont accepté le principe de cinq poteaux identiques. Mais à chaque fois orientés d’une manière différente pour en varier l’aspect visuel. En interne, SMDB (Société de matériel Demathieu Bard) a réalisé un seul coffrage sur mesure en bois.
5 000 m2 de vêture en Bfup
Si le béton coulé en place constitue une part importante – Lafarge France a aussi livré près de 9 500 m3 d’EcoPact – sur le chantier Prisme. La préfabrication n’est pas en reste. Ainsi, nombre de poutres et de longrines en sont issues. Tout comme quatre des huit crémaillères destinées à supporter les gradins de l’une des salles de compétition. « Quatre éléments ont été coulés en place pour des questions de délais », précise Raul De Sousa. En revanche, les gradins en tant que tels sont préfabriqués en usine et présentent un aspect “béton lisse”.
La toiture du bâtiment est prévue en charpente métallique, recouverte de bacaciers double peau et végétalisée. Les façades, elles, recevront quelque 5 000 m2 de vêture constituée d’un assemblage de 2 000 panneaux de 1,60 m x 1,60 m en Ductal. Ces éléments sont aujourd’hui en cours de production au sein des usines Delta Préfabrication, en Ardèche, et Taporo, dans l’Yonne. La pose des premiers panneaux doit intervenir dans le courant de l’été.
Un héritage du passé
![Prisme cache dans ses entrailles un héritage du passé : une voie romaine préservée pour les générations futures. [©ACPresse]](https://www.acpresse.fr/wp-content/uploads/2023/06/11-Prisme-Web.jpg)
Autre élément singulier, la “poutre virgule”. A l’étude en ce moment en ce qui concerne son coffrage, elle prendra naissance juste au-dessus de l’entrée principale et se déroulera. Tel un ruban, jusqu’à l’intérieur du bâtiment. Elle doit être coulée d’un seul tenant, sur près de 25 m de long en une courbe continue…
Implanté sur le site du stade de la Motte. Dont il devient le maillon central et celui qui structure le paysage urbain local. Prisme cache enfin dans ses entrailles un héritage du passé. Là, jadis, courait une voie romaine. Ses vestiges sont encore en place. Puis, afin de les préserver pour les générations futures, ils sont recouverts d’un lit de sable. Sur lequel sera réalisé un cheminementé qui en sera, en quelque sorte, le miroir.
Frédéric Gluzicki
Suivez-nous sur tous nos réseaux sociaux !