L’Unicem annonce une baisse de l’activité des matériaux

Arnaud Le Brun
20/12/2023
Modifié le 10/01/2024 à 09:34

L’Unicem a fait un état des lieux de l’activité des matériaux de construction pour 2023 et se projette sur 2024...

De gauche à droite, Alain Plantier, président de l’Unicem, et Carole Deneuve, cheffe du service économique et statistiques, ont dévoilé les premiers résultats pour l’année 2023 et les perspectives pour 2024. [©Unicem]
De gauche à droite, Alain Plantier, président de l’Unicem, et Carole Deneuve, cheffe du service économique et statistiques, ont dévoilé les premiers résultats pour l’année 2023 et les perspectives pour 2024. [©Unicem]

Le jeudi 7 décembre 2023, l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem) a dressé un bilan de l’activité des matériaux de construction pour 2023. Dès le départ, Alain Plantier, nouveau président de l’association, a annoncé la couleur ! « Les résultats ne sont pas au beau fixe pour le BPE et les granulats. » En effet, pour le premier, la production sur 2023 devrait être de 36,7 M m3, soit une baisse 6 % par rapport à l’année passée. Quant aux granulats, les volumes sont estimés à 321 Mt, ce qui représente un recul de 7,5 %. De manière plus concrète, le volume de production des matériaux, de janvier à octobre 2023, a chuté de 8,2 %, comparé à la période précédente.

Des stigmates liés à l’inflation et à la crise du logement

Des chiffres inquiétants qui portent les stigmates de l’inflation et de la crise du logement neuf. « Le secteur de la construction rencontre des difficultés pour s’approvisionner, déclare Carole Deneuve, cheffe du service économique et statistiques de l’Unicem. Une hausse des coûts des matériaux dans de nombreuses filières a été enregistrée. La frilosité des banques et le durcissement des conditions d’octroi de crédit ont aussi été constatés. Tout ceci a provoqué un blocage du marché immobilier. Deux tiers des projets ont été, soit reportés, soit abandonnés. D’ailleurs, un repli de 22 % a été enregistré, fin octobre, pour les mises en chantier. »

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Le secteur des travaux publics moins fragilisé

La conjoncture des travaux publics est, quant à elle, mieux orientée. En effet, à fin octobre, l’Unicem a constaté une hausse de 5 % des travaux réalisés sur un an. Mais ce sursaut est à prendre avec des pincettes. « Ce réveil concerne surtout les grands projets urbains dans les grandes métropoles. Et surtout ceux liés au transport urbain, au génie civil ou à l’énergie. A l’avenir, la Fédération nationale des Travaux publics s’attend à ce que la crise immobilière impacte ses travaux. »

L’activité BPE en 2024 impactée par les JO

Après avoir reculé de près de 70 000 unités, les mises en chantier de logements devraient encore se contracter en 2024. En effet, l’activité BPE est amenée à s’atténuer sur une partie de l’année. En particulier en Ile-de-France. La raison est simple : la tenue des Jeux olympiques à Paris. « De mai à septembre 2024, certaines centrales BPE vont être limitées dans leur production. Ceci s’explique par la sécurité qui sera renforcée à proximité des sites olympiques. Les livraisons de BPE pourraient ainsi se contracter de plus de 10 % l’an prochain. Nous ne voulons pas être pessimistes. C’est une chance d’accueillir les Jeux olympiques à Paris. Mais notre rôle est d’alerter sur les difficultés que vont rencontrer les industriels… »

Vers une baisse de l’activité des granulats en 2024

Du côté des granulats, la demande en 2024 sera bridée par une baisse des chantiers de travaux publics. En effet, ce secteur est, à ce jour et dans les mois à venir, peu propice aux travaux de terrassements et d’ouvrages routiers. Des projets qui nécessitent le plus de granulats. Un recul de près de 6 % dans cette activité est attendu l’an prochain. Des prévisions établies par l’Unicem qui se base sur la montée en charge et l’effet d’entraînement du cycle électoral sur les dépenses de l’ensemble des collectivités locales.

Des chiffres historiquement bas pour 2024

Toutes ses perspectives se solderaient par des niveaux historiquement bas en 2024. Pour le BPE, les cubages livrés seraient inférieurs à 33 Mm3, les plus faibles depuis 26 ans ! Quant aux granulats, les volumes produits seraient à peine supérieurs à 300 Mt, soit inférieurs à ceux de 2020 (année du Covid) et de 2015 (année de crise). Au-delà de l’impact conjoncturel défavorable sur les productions de ces matériaux, l’approche responsable de la ressource conduit structurellement à limiter ses volumes. « Ce qui influence l’activité de ces matériaux, c’est le développement du recyclage issu de la démolition. Des démarches qui s’inscrivent dans un schéma d’économie circulaire et qui conduit la profession à modérer les volumes extraits. »

L’Unicem appelle le gouvernement à intervenir

Dans ce contexte économique fragilisé, l’Union ne cache pas sa crainte face à la panne de la construction neuve en 2024 et à la pénurie globale de logements en France. « Le contexte conjoncturel est défavorable au secteur résidentiel. La hausse des taux d’intérêt et des prix, les conditions bancaires plus que restrictives, la remontée du chômage et le repli du pouvoir d’achat en sont les causes », résume Alain Plantier. Et de conclure : « Les mesures proposées par la Première ministre Elisabeth Borne sont à saluer, mais seront loin d’être suffisantes… Par conséquent, nous appelons les pouvoirs publics à remettre en place des mesures qui permettront d’éviter de creuser encore la pénurie actuelle de logements. Mais aussi, d’empêcher que la rareté de l’offre résidentielle n’alimente de nouvelles tensions inflationnistes sur le marché immobilier ».

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