Si 2017 a été marquée par un vrai rebond de l’activité matériaux en France, après 7 ans de repli, 2018 enregistrerait des chiffres plus modestes. Et l’année 2019 s’annonce avec encore quelques incertitudes.
Si 2017 a été marquée par un vrai rebond de l’activité matériaux en France, après 7 années de repli, 2018 enregistrerait des chiffres plus modestes (+ 1,8 % pour l’ensemble). En effet, pour Nicolas Vuillier, président de l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem), cette année, le marché se consolide, mais ne prend pas d’envergure. Ainsi les granulats représentent 343 Mt (+ 1,5 % au lieu des + 3 % prévus) et le BPE 39,8 Mm3 (+ 3 % au lieu des + 3,5 % prévus). « Ces données peuvent un peu évoluer, avec un 4e trimestre impacté par le mouvement des “Gilets jaunes”, explique Nicolas Vuillier. Bruno Lemaire a annoncé un possible recul de – 0,1 point sur le PIB sur ce trimestre. » Il n’y a pas que ces manifestations et les blocages de ces dernières semaines, qui ont affecté l’activité en 2018. « Ces retards ne sont pas pires qu’une semaine de gel. Mais il y a eu aussi les grèves SNCF, la pénurie de chauffeurs de poids lourds et plusieurs intempéries, qui expliquent cette stagnation. »
L’activité matériaux dans le détail
L’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction table sur + 2 % pour les granulats, en termes de demandes pour 2019. Tandis que les projections pour le BPE sont estimées à + 0,5 % au vu du retournement du marché du logement. Les incertitudes de l’année qui arrive résident dans les différentes disparités dans les travaux publics, avec le calendrier électoral à venir. La possible remontée des investissements, qui se sont essoufflés en 2018. Mais aussi dans le bouclage du budget dans le cadre du maintien à moins de 2,8 % de l’objectif du déficit public. L’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction se questionne sur la nature des baisses des dépenses et sur l’impact de cet objectif sur le secteur. De plus, l’organisme met l’accent sur un réel besoin de lisibilité fiscale et réglementaire. « L’annonce des hausses de taxes était incompréhensible pour nous. On ne peut pas décider seul d’une augmentation sans concertation. Nous nous réjouissons de l’annulation de cette hausse, mais le gasoil va forcément augmenter un jour. Nous devons travailler avec le gouvernement sur une trajectoire, visualiser des étapes et prendre des mesures d’aides aux entreprises pour entrer dans la transition écologique. »
En France, 330 Mt de granulats ont été produites en 2018. Ce chiffre se décompose de la façon suivante : 304 Mt de l’extraction (2 730 sites), 51,4 Mt du réemploi sur chantier, 44,1 Mt du recyclage de matériaux de démolition sur plateforme, 22 Mt du recyclage de matériaux de démolition et 4 Mt de production de granulats artificiels (MIDN, laitiers, schistes…). Ces matériaux sont à 57,5 % à usage direct et à 42,5 % à usage industriel (hors site). La consommation est, elle, estimée à 425,5 Mt. Près de 80 % de ces granulats sont destinés aux ouvrages de génie civil et de VRD, alors que 80 % du BPE livré est utilisé dans la construction de bâtiment.