Président de la commission “Environnement” depuis 3 ans, Vincent Raynaud fait le point sur les chantiers de l’UNPG et des acteurs du secteur en matière de préservation de la biodiversité.
Retrouvez cet article dans le n° 947 de CBPC, supplément de Béton[s] le Magazine n° 84
Comment l’UNPG se positionne-t-elle sur les différents enjeux écologiques de notre époque ?
Vincent Raynaud : La France dispose de près de 3 000 carrières réparties sur tout son territoire. A l’UNPG, nous regroupons aussi bien les producteurs de granulats, que de granulats recyclés et de granulats marins. Nous avons différentes missions au sein de la commission “Environnement”. En premier lieu, un rôle de veille et de décryptage des nouvelles législations. En second lieu, nous éditons ainsi des documents, outils, guides techniques ou illustratifs, à destination de nos adhérents. Nous abordons des sujets, tels que le réaménagement agricole avec un document que nous avons remis à jour. Mais aussi portons notre regard sur l’objectif “zéro artificialisation nette” ou la “séquence ERC – éviter, réduire, compenser”. Enfin, l’UNPG est bien évidemment à la disposition des différentes régions et de leurs adhérents.
Qu’est-ce que l’objectif “zéro artificialisation nette” ?
L’objectif “zéro artificialisation nette” des sols est fixé par le Plan Biodiversité présenté par le gouvernement, en juillet 2018. C’est un concept qui trouve, selon certains experts, sa limite dans le caractère “net” car, dans ce sens, il sous-entend une désartificialisation, notion assez compliquée à caractériser.
Quel est le point de vue de l’UNPG à ce sujet ?
L’UNPG se considère comme malheureusement concernée. Je dis “malheureusement”, car nous ne répondons pas aux critères caractérisant l’artificialisation comme l’entend le Plan Biodiversité. En effet, les 3 critères sont l’imperméabilisation des sols, l’étalement urbain et la perte de milieux naturels. Les carrières n’influencent absolument pas le premier cas, à ciel ouvert et sur des supports poreux, elles sont “transparentes” au niveau de l’infiltration des eaux. Concernant l’étalement urbain, vu que la quasi-totalité des carrières sont situées en milieu rural, globalement elles n’y contribuent pas. Enfin, oui, nos activités influent sur les espaces où elles sont installées, temporairement ou définitivement. Mais en parallèle, les carrières sont aussi des milieux de grande biodiversité, les nombreuses études réalisées depuis quelques décennies le prouvent.
Dans tous les cas, une carrière ne peut être exploitée qu’après une étude d’impact environnemental, qui aborde tous les volets, dont celui sur l’écologie. La biodiversité, comme son nom l’indique, est quelque chose de vivant, avec des dynamiques propres aux espèces et aux habitats.A travers le réaménagement, les carrières sont en capacité de reconstituer les habitats impactés, mais aussi d’en créer d’autres.
Dans ce cas, comment appréhendez-vous cet objectif ?
Les carrières représentent moins de 1 % de l’espace du territoire. Et nous avons une obligation de remise en état : reconstitution à l’identique, ce qui est quelquefois possibleou en constituant d’autres types de milieux, qui favorisent la biodiversité. Nous nous attachons à mieux faire connaître nos métiers et nos actions pour sa préservation. De plus, nous encourageons nos adhérents à s’entourer des associations ou de riverains pour agir dans ce sens. Nous travaillons aussi sur les enjeux de l’ERC [Lire encadré].
Pouvez-vous nous parler du guide sectoriel ERC justement ?
Nous avons travaillé sur un guide sectoriel ERC, avec le ministère de la Transition écologique mais aussi des associations comme Humanité & Biodiversité, FNE Alsace ou la LPO. Il devrait être disponible en ligne avant la fin 2019. L’objectif de ce guide est de bien caractériser “Eviter, Réduire et Compenser” pour une activité aussi spécifique que les carrières et d’illustrer chacune des séquences. L’évitement, par exemple, est la première des démarches à suivre. Mais il n’est pas toujours facile et possible, car nous sommes tenus par la géologie des sols, qui peut changer très rapidement dans l’espace. Et qu’est-ce qui le différencie de la réduction ? Il fallait donner du sens aux termes ERC.
Au-delà de ce guide, l’UNPG édite de nombreux études et outils pour nos adhérents, qui sont disponibles sur notre site ou sur demande. Dans les dernières études, nous avons publié un guide méthodologique sur l’élaboration de l’étude d’impact en carrière, un catalogue de bonnes pratiques pour le réaménagement agricole ou encore les conclusions d’un programme de recherche, un document réalisé avec l’Ademe et des scientifiques de premier plan sur les émissions des carrières dans l’air (programme Emcair)…
Propos recueillis par Sivagami Casimir
La séquence ERC
En 2011, le ministère de la Transition écologique et solidaire s’est attelé à mettre en place une méthodologie pour permettre aux projets industriels de réduire leurs impacts environnementaux : la séquence “Eviter, réduire, compenser (ERC)”. « L’enjeu est, au cas par cas, de prioriser les étapes d’évitement des impacts tout d’abord, de réduction ensuite, et en dernier lieu, de compensation des impacts résiduels significatifs si les deux étapes précédentes n’ont pas permis de les supprimer », indique l’UNPG.
Retrouvez cet article dans le n° 947 de CBPC, supplément de Béton[s] le Magazine n° 84