L’association de valorisation du viaduc du Viaur, SNCF Réseau et la fondation Spie Batignolles publient “La bête noire ou la véritable histoire du viaduc du Viaur”, à destination des 7-9 ans.
L’association de valorisation du viaduc du Viaur, SNCF Réseau et la fondation Spie Batignolles publient “La bête noire ou la véritable histoire du viaduc du Viaur”,chez Esprit Média Editions. Ce conte pour enfants est écrit par Andrée Avogadri et illustré par Jean Brisset. Quelque 120 ans après sa construction, le viaduc du Viaur conserve prestance et utilité, sur la voie ferrée reliant Toulouse à Rodez, via Albi. Il désenclave toujours des départements assez isolés. Une aubaine pour la région du Ségala, qui s’étend dans l’Ouest du département de l’Aveyron et dans le Nord du Tarn. Entre 2014 et 2017, trois ans de travaux ont été nécessaires pour rénover ce géant d’acier.
SNCF Réseau a mené ce chantier, en intervenant sur les éléments métalliques, et en procédant au décapage et au renouvellement complet de la peinture. Un exploit quand on sait que l’ouvrage culmine à 116 m de hauteur au-dessus du Viaur. Le viaduc est inscrit au titre des Monuments historiques depuis 1984. Son classement doit intervenir en 2021-2022. En 2000, c’est Spie Batignolles qui a construit le viaduc autoroutier en béton qui franchit la vallée du Viaur quelques centaines de mètres en aval.
Un travail de mémoire et de valorisation
« Nous avons participé à ce conte pour enfants, car c’était l’occasion de nous souvenir de nos racines. En effet, nous avons participé à la réalisation du viaduc dans les années 1900, avec à l’origine la Société de construction des Batignolles et Paul Bodin, l’ingénieur en chef. C’était aussi l’occasion de mettre en lumière l’ingénieur français, centralien, discret, mais concurrent direct de Gustave Eiffel à l’époque », indique Maurice Neyme, secrétaire général de la Fondation Spie Batignolles.
Et Andrée Avogadri, auteure du conte, d’expliquer : « Anne Sénémaud, présidente de l’association de valorisation du viaduc du Viaur, voulait mener une action pour transmettre aux enfants ce patrimoine. Une fois contactée, je me suis déplacée sur place, je l’ai parcouru, suis aller en dessous… Je me suis imprégnée du lieu. Le viaduc est tellement beau. Je me suis aussi beaucoup documentée, sur la construction, le pourquoi de cette réalisation, son impact… Ensuite, vient un temps de latence, je n’y pense plus. J’attends d’avoir une sorte de “révélation” par le rêve. C’est ainsi que je fonctionne. Les idées viennent comme ça. Je suis donc partie des animaux de la vallée, de la forêt ».
En effet, ces animaux sont les héros de cet ouvrage. Ils décident de rejoindre Paris pour jouer un rôle actif dans le projet d’un pont reliant les deux rives du Viaur. A travers cette histoire fictive, les jeunes lecteurs découvrent le chef d’œuvre, les ingénieurs en lice lors de sa conception. Mais aussi, le procédé des arcs équilibrés, et le rôle du train et du pont dans le développement de la région du Ségala.
Le hérisson va en Chine
C’est très précis au niveau de l’illustration réalisée par Jean Brisset, qui génère l’émotion chez les enfants. « Ce qui est fondamental, c’est de transmettre les bonnes informations, tout en étant dans une approche ludique », insiste Andrée Avogadri. Et c’est réussi.Les textes sont pédagogiques et précis à la fois, tout en étant rigolos et les illustrations parlent à l’imaginaire des plus petits. « L’association de valorisation du viaduc du Viaur se consacre à la promotion du viaduc : projet d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco, jumelage avec le pont de Faux-Namti en Chine… »,explique Anne Sénémaud, présidente de l’association. A l’initiative du conte, cette dernière souhaite « transmettre aux enfants la force esthétique, technologique et économique de ce patrimoine industriel ».
Et à la fin du conte, petit clin d’œil : le hérisson part en Chine pour découvrir cet autre pont signé Paul Bodin. Les animaux de la forêt ont raison : « le viaduc est fin et aérien ». Pourtant, ce chef d’œuvre à arche unique constitue une vraie prouesse technologique : 116 m de haut, 460 m de long, un arc central de 220 m, une charpente métallique de 3 880 t, 1 M de rivets et une construction sans grue dans une vallée encaissée. L’audace réside dans le principe innovant des “arcs équilibrés”. Chaque demi-arc se contrebalance de part et d’autre. Les plus petits apprécieront l’histoire et les grands aussi…
Muriel Carbonnet