Aérotrain de Jean Bertin : Rêve brisé

Muriel Carbonnet
20/10/2019
Modifié le 16/05/2022 à 18:05

Fruit des travaux des ingénieurs Jean Bertin (1917-1975) et Louis Duthion (né en 1929), l’Aérotrain, ce véhicule futuriste des années 1960-1970, combinait le principe du coussin d'air, et une motorisation à hélice, à réaction ou électrique linéaire. Mais la fin du soutien de l’Etat y met un coup d’arrêt, définitif…

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C'était avant tout un rêve d'ingénieur : faire voler un train sur coussin d'air à plus de 400 km/h. [©L’Association des Mais de Jean Bertin]
C’était avant tout un rêve d’ingénieur : faire voler un train sur coussin d’air à plus de 400 km/h. [©L’Association des Amis de Jean Bertin]

Cinquante ans après les exploits du “train volant”, prouesse technologique française, il ne reste plus que des pylônes de béton dans la campagne de la Beauce. Compromis entre l’avion et le train – l’Aérotrain, qui décollait, volait et atterrissait, aurait dû relier Paris à Orléans en moins de 20 mn, contre 1 h aujourd’hui encore. Et faire de la capitale du Loiret une banlieue verte.
C’était donc avant tout un rêve d’ingénieur : faire voler un train sur coussin d’air à plus de 400 km/h. 

Naissance de l’Aérotrain

Nous sommes en 1962-1963. Cela fait sept ans que Jean Bertin a quitté la Snecma. Le spécialiste des moteurs pour l’aéronautique, pour fonder la société Bertin & Cie. Il poursuit des recherches sur le principe de sustentation par coussin d’air. La société Bertin a en effet redécouvert en 1957, grâce à son ingénieur Louis Duthion, le phénomène d’effet de sol. Cela permet un gain de portance à proximité du sol. En 1965, Jean Bertin procède à des essais in situ : entre le viaduc des Fauvettes, à Gometz-la-Ville, et Limours (Essonne). Les rails de l’ancienne ligne de chemin de fer Paris-Chartres, désaffectés depuis la dernière guerre mondiale, sont transformés en voie d’essai de 6,7 km. D’une capacité de six places, le prototype 01 enchaîne alors les exploits. Jean Bertin présente une maquette d’un aérotrain de 1,50 m de long à l’échelle 1/20eaux pouvoirs publics et à la SNCF. La bonne réception du concept fait naître la Société d’études de l’Aérotrain en 1965. La recherche se poursuit sur un terrain beaucoup plus adapté : la piste sur piles, qui traverse la Beauce de Ruan (Nord d’Artenay) à Saran (agglomération orléanaise), en longeant la RN 20 côté Est.

Jean Bertin, devant l’Aérotrain, son rêve brisé. [©L’Association des Mais de Jean Bertin]
Jean Bertin, devant l’Aérotrain, son rêve brisé. [©L’Association des Amis de Jean Bertin]

En forme de T inversé

La voie en béton, en forme de “T” inversé, est longue de 18 km. Elle est constituée d’environ 900 poteaux. Espacés chacun d’une vingtaine de mètres et portant des tronçons monoblocs de 120 m de long à 10 m de hauteur. Le 22 janvier 1969, l’aérotrain atteint la vitesse de 411 km/h. Jean Bertin passe à la phase opérationnelle avec son aérotrain I-80 HV. D’une capacité de 80 places, ce véhicule transporte entre 1969 et 1972 plus de 10 000 passagers pour 7 500 h d’essai. Cette réussite technologique suscite l’enthousiasme. L’année 1969 voit la construction de l’Aérotrain S44. Une version destinée au transport suburbain à propulsion électrique, telles que des liaisons centre-ville-aéroport. 

En France, le président Georges Pompidou finance la moitié du projet. En juin 1974, un contrat est signé pour la construction d’une ligne. Celle-ci doit relier le quartier d’affaires de la Défense au futur pôle d’activités de Cergy (Val-d’Oise). Mais un mois après, l’aérotrain, qui a battu un record du monde de vitesse avec 430,20 km/h, subit un brutal coup d’arrêt. Le nouveau président Valéry Giscard d’Estaing stoppe tout. Le choix est fait de privilégier la technologie du TGV, qui permettait de transporter un beaucoup plus grand nombre de passagers et d’utiliser pour partie le réseau ferré existant.

Un air de “déjà vu”

Mais c’était sans compter, quelque 45 ans après, la création en 2007 de la société Spacetrain, qui est en train de développer une navette autonome, montée sur coussins d’air. Après 18 mois d’études, cet “Hyperloop français” entre en phase de prototypage. Ce Spacetrain est aussi un véhicule à effet de sol, sustenté par des coussins d’air. Il a pour projet d’emprunter une partie de l’ancienne voie de l’Aérotrain. Au Nord d’Orléans, la société a récupéré la portion entre Saran (plate-forme de départ de l’engin de Jean Bertin) et Chevilly, soit 9,6 km. Va-t-on vers une réminiscence de l’Aérotrain ? Cela y ressemble beaucoup…

Le Spacetrain, version contemporaine de l’engin de Jean Bertin, qui va emprunter une partie de l’ancienne voie de l’Aérotrain. [©Spacetrain]
Le Spacetrain, version contemporaine de l’engin de Jean Bertin, qui va emprunter une partie de l’ancienne voie de l’Aérotrain. [©Spacetrain]

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  1. Jacques LOUBIERE

    Avait-on à l’époque de Jean Bertin, des informations sur la consommation
    en énergie de l’aérotrain? SI oui, par rapport au TGV, y-avait-il beaucoup de différences?
    Cordialement