Une envie de cinéma ! Découvrez “Compagnons”, le dernier film de François Favrat. Un opus positif, très positif - ça fait du bien - qui met en avant les valeurs universelles du compagnonnage.
D’un côté, une jeune femme de la cité Bellevue, à Nantes, forte tête indisciplinée qui galère. De l’autre, une confrérie basée sur des valeurs intangibles et une certaine idée du (beau) travail et de la transmission depuis des siècles.
A 19 ans, passionnée de Street art, Naëlle est contrainte de suivre avec d’autres jeunes un chantier de réinsertion. Ceci est sa dernière chance pour éviter d’être séparée de ses proches. Touchée par la jeune fille, Hélène, la responsable du chantier, lui présente la Maison des Compagnons de Nantes. Un monde de traditions qui prône l’excellence artisanale et la transmission entre générations. Aux côtés de Paul, compagnon vitrailliste qui accepte de la prendre en formation dans son atelier, Naëlle découvre un univers aux codes bien différents des siens… Qui, malgré les difficultés, pourrait donner un nouveau sens à sa vie.
Proche de la réalité
Deux mondes que tout oppose, a priori. Mais le talent du dernier film “Compagnons” de François Favrat réussit à les rassembler. Les bons sentiments, eh bien oui (cela change !), ne tuent pas la qualité du film, bien au contraire…. On marche bien dans cette intrigue qui mêle habilement le portrait de la jeune rebelle Naëlle et la description de la communauté des Compagnons du devoir, très rarement montrée à l’écran. Et qui là, revêt un vrai souci documentaire. Le tout avec beaucoup d’espoir.
« Nous avons voulu en savoir le plus possible sur les Compagnons du devoir. A l’origine du projet, la co-scénariste Johanne Bernard s’est rendue à la maison des Compagnons de Nantes pour se nourrir de l’intérieur. Elle a parlé avec le prévôt Kevin Boudout, qui joue son propre rôle dans le film, celui de Paul. Puis, j’ai pris le relai. Je voulais montrer de manière réaliste et crédible cette confrérie avec ses valeurs, ses engagements, son “folklore” aussi », indique François Favrat.
Et Elsa Fontanille, directrice de la communication aux Compagnons du devoir, de poursuivre : « Lorsque le réalisateur nous a présenté son projet, nous avons été ravis. Sur les 10 000 jeunes que nous formons chaque année, il y a des parcours de vie tout autant difficiles que dans le film. Le scénario était crédible. “Compagnons” est très réussi, il met bien en avant nos valeurs. Il envoie un message très positif aux jeunes. Il remet à sa juste place le travail manuel, qui est loin d’être une voie de garage. On parle ici d’excellence, de fraternité, d’entre-aide » Et ça prend…
Le compagnonnage au cœur du film
D’autant plus que la jeune comédienne Najaa Bensaid, Naëlle dans le film, est une véritable bombe à retardement. C’est une boule d’énergie, qui enrage contre les injustices, contre la vie, contre tout… Sa violence est crédible, la violence de la cité est peut-être un peu caricaturée, mais bon… « Les jeunes de quartier dans le film viennent de Bellevue pour de vrai. Pareil pour les Compagnons dans l’atelier de vitraux. Je voulais les bons gestes, les bonnes attitudes, que cela soit crédible », reprend François Favrat.
Enfin, la jeune actrice donne parfaitement la réplique à Pio Marmaï, le compagnon vitrailliste, un zeste bourru, grand gaillard sensible et débonnaire. Et à Agnès Jaoui, la “Mère”, très protectrice des Compagnons du devoir, qui se dévoue aux dépends de sa famille. Nous sommes à la fois dans un registre de fable sociale aux allures de conte de fées. On y croit. Pour tous ceux qui trouveront ça facile, je leur rétorquerai qu’on passe deux bonnes heures à suivre les errances de Naëlle et qu’une happy end, même si l’on s’en doute bien, vient à point nommé dans ces temps bien perturbés.
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Muriel Carbonnet