Rudy Sylvestre, gérant du groupe éponyme, a modernisé son outil de production et lance la Compagnie des Bétonniers, afin de fédérer des indépendants. Détails.
Article paru dans le n° 95 de Béton[s] le Magazine
Vous avez investi dans une nouvelle centrale et de nouvelles pompes. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces investissements ?
Rudy Sylvestre : Il nous fallait moderniser notre outil de production. Nous disposons de deux centrales sur notre site de Maubec, dans le Vaucluse. L’une d’elles datait des années 1970. Nous avons ainsi investi dans une centrale Liebherr, qui nous permet de produire plus et davantage “vertueux”. Nous aurons une capacité mensuelle comprise 2 500 et 3 500m3 de béton. Depuis la mise en service, nous sommes sur un cumul de près de 25 000 m3.
Nous avons aussi acquis deux nouvelles pompes à béton Schwing Stetter sur porteurs Mercedes Benz. Trois autres sont en commande. Cela va nous permettre d’être plus réactifs et de pouvoir gérer nos plannings de manière indépendante.
Vous avez aussi revu et corrigé votre site Internet ?
En effet. Il s’agissait de moderniser l’image du groupe. Dans ce cadre, nous avons recruté un responsable communication. Une nouvelle identité graphique a été créée pour l’ensemble des sociétés du groupe. Puis, nous avons voulu améliorer notre présence sur Internet et les réseaux sociaux. En parallèle, nous développons une application qui permettra de présenter, dans un premier temps, l’étendue de nos services et la gamme de nos produits. Dans le futur, les clients auront accès à leur compte et pourront ainsi consulter leurs devis, régler leurs factures et communiquer avec les différents services en ligne.
Qu’est-ce que la Compagnie des Bétonniers et comment s’inscrit-elle dans le renouveau du groupe Sylvestre ?
Par le passé, le groupe Sylvestre était à la tête de deux terminaux cimentiers et de treize centrales à béton. Ceci, en partenariat avec un grand bétonnier national. Mais tout s’est arrêté un jour… Aujourd’hui, nous ne sommes plus tenus par aucune clause. Nous pouvons donc repartir de l’avant. C’est pourquoi nous lançons la Compagnie des Bétonniers, afin d’unir des indépendants.
L’idée est de leur proposer de devenir partenaires. Chacun apporte une part au capital, à la hauteur de ses capacités. En fédérant les indépendants, nous pourrons acheter du matériel ou des matériaux en commun. Mais aussi partager des équipements. J’ai aussi dans l’idée de créer un laboratoire aux moyens mutualisés. Un atout pour répondre à de plus gros chantiers. Nous avons déjà été rejoints par l’industriel Réseau Chape de Châteaurenard, dans les Bouches-du-Rhône. Nous démarrons localement, mais l’idée est de créer une enseigne nationale…
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Malgré l’engouement pour la consommation locale, n’est-il pas compliqué d’être un indépendant dans le béton ?
Oui, c’est compliqué. Il y a de plus en plus de regroupements et de rachats d’indépendants. De toute façon, une centrale a un rayon de chalandise de 30 km. Mais il y a aussi les gros chantiers. Là, le plus souvent, ce sont les bétonniers nationaux qui interviennent. La taille compte, tout comme la force de communication. Nous devons nous affirmer face à eux et nous ne pouvons le faire qu’en nous unissant au sein d’une entité comme la Compagnie des Bétonniers.
Qui peut vous rejoindre ? Quelles en sont les implications ?
Vient qui veut. Même si, au niveau local, deux indépendants ne s’entendent pas, nous pouvons jouer les intermédiaires et les aider à mutualiser leurs moyens… La seule règle est d’avoir une en-tête à l’effigie de la Compagnie des Bétonniers avec son propre nom en dessous.
A la fin de chaque année, nous partagerons les bénéfices, à hauteur de la participation au capital.
C’est un discours très militant…
Tout à fait. Il est temps de taper du poing sur la table et de concurrencer frontalement les groupes nationaux. Ensemble, nous sommes toujours plus forts ou plus imposants. Nous pouvons rivaliser avec tout le monde et sur n’importe quel chantier.
Propos recueillis par Yann Butillon