L’artiste Kader Attia fait pousser les racines dans le béton

Rédaction
16/04/2018
Modifié le 17/09/2021 à 10:28

Pour investir l’espace d’exposition temporaire du Mac Val de Vitry-sur-Seine (94), l’artiste Kader Attia a créé un parcours initiatique autour de deux notions, qui s’entremêlent : l’architecture et sa relation aux corps humains.

Kader Attia - Rochers Carrés, 2008. [©Adagp, Paris 2018/Jacques Faujour]

Kader Attia – Rochers Carrés, 2008. [©Adagp, Paris 2018/Jacques Faujour]

Né en 1970 à Dugny (93), Kader Attia vit et travaille entre Paris et Berlin. Lauréat du prix Marcel Duchamp en 2016, il est devenu une figure incontournable de la scène artistique internationale depuis le début des années 2000. Il travaille sur la mémoire, le déracinement et l’enracinement, le traumatisme, l’exil et le métissage. Il parcourt le territoire de l’art comme un espace de réflexion et d’action. « Soulignant les dominations, les replis identitaires, militant pour une décolonisation des savoirs et des récits, il met en œuvre depuis plusieurs années le concept de réparation. »
Pour investir l’immense espace d’exposition temporaire du Musée d’art contemporain du Val-de-Marne (Mac Val) de Vitry-sur-Seine (94), l’artiste a créé un parcours initiatique construit autour de deux notions étroitement mêlées : l’architecture et sa relation aux corps. Et ce, jusqu’au 16 septembre prochain. Un grand nombre d’œuvres a été produit pour ce nouveau projet, qui s’ancre dans une réflexion autobiographique. « C’est la première fois que Kader Attia parle de lui de façon si intime. » L’artiste a imaginé ici une réflexion, sous la forme d’un parcours initiatique. Une exposition qu’il a pensé comme une « conversation intime avec le public du Mac Val », pour ensemble « sonder les maux et les joies qui articulent la vie dans les cités ».
Intitulée “Les racines poussent aussi dans le béton”, l’exposition s’attache à livrer des pistes de réponses sur des questionnements de l’artiste : “Quels regards porter sur les grands projets urbains de l’après-guerre, les grands ensembles, caractéristiques de ce qu’on appelle les cités dortoirs ? Que reste-t-il de l’utopie ? Avec son histoire ? Avec ses racines ?” Les volumes de béton et de verre du musée ne peuvent qu’évoquer la jeunesse à Garges-lès-Gonesse (91) de l’artiste français d’origine algérienne, entre barres d’immeubles et brassage culturel.
Le parcours en labyrinthe s’ouvre sur l’errance du personnage de Jean Gabin, de Pépé le Moko (film de Julien Duvivier, 1937) à Mélodie en sous-sol (film signé Henri Verneuil, 1963). Les corps des visiteurs sont conditionnés dans une déambulation qui sollicite tous les sens et met en exergue l’itinéraire d’un enfant de banlieue. Et ce, dans un espace mouvant hanté de sons et d’odeurs, entre repères identitaires, mondialisation, migrations, société de consommation et blessures post-coloniales. Kader Attia souligne la familiarité des paysages (architectures, population, transports en commun…) et la sensation qu’il a, à chaque fois qu’il vient au Mac Val, de « rentrer à la maison ». Il travaille ici à « donner la parole à ceux que l’on n’entend pas ».

M.C.

Les racines poussent aussi dans le béton
Exposition de Kader Attia
Musée d’art contemporain du Val-de-Marne
Jusqu’au 16 septembre 2018
Place de la Libération 94400
Vitry-sur-Seine
T + 33 (0)1 43 91 64 20
www.macval.fr
contact@macval.fr

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