L'artiste Lilian Bourgeat place l'être humain en taille réduite grâce à son oeuvre Parpaing, un bloc béton XXL. Réalisée en polystyrène et résine polyuréthane projetée.
Article paru dans le n° 97 de Béton[s] le Magazine
L’artiste dijonnais Lilian Bourgeat (né en 1970) met à mal le rapport d’échelle entre son œuvre Parpaing, bloc béton XXL et les spectateurs tout petits que nous sommes. Cette pièce est réalisée en polystyrène et résine polyuréthane projetée. Elle souligne ainsi le caractère inadapté de l’être humain dans un tel espace. Tout est ici hors de proportion, le spectateur face à la sculpture gigantesque de 6 m de haut apparaît minuscule. Il entre dans l’univers de Gulliver, lors de son second périple à Brobdingnag. Jonathan Swift (1667-1745), l’auteur de ce récit, situe ce lieu dans l’océan Pacifique entre le Japon et l’Amérique. Lemuel Gulliver, le héros, se retrouve alors dans la situation inverse de Lilliput, son premier voyage : tous les Brobdingnagiens sont des géants.
Le spectateur est ainsi réduit à regarder l’œuvre d’en bas, dans sa globalité. Le Parpaing le submerge en totalité, mais ne l’écrase pas. Il perd sa notion courante d’objet du quotidien. L’œuvre revêt une autre fonction que celle originelle. « Je fais référence aux “Ready-made” de Marcel Ducamp dans les années 1910. Je détourne un objet, somme toute banal, pour lui donner une dimension artistique », explique l’artiste. Parpaing semble devenir lui-même une forme d’architecture, une structure d’urbanisme à part entière.
De par leur taille, les alvéoles peuvent en effet évoquer des fenêtres ou des portes. « On dirait alors une unité d’habitation. » L’échelle saisit, tout comme fascine le geste de reproduction. Dans ce sur-dimensionné, l’artiste ne recherche pas vraiment l’émerveillement, mais plutôt induit le piège physique du spectateur, qui est littéralement dépassé… Un juste retour de notre position d’humain par rapport aux choses. « Ce que j’aimerais faire, c’est réalisers le Parpaing au plus près de la réalité, c’est-à-dire en béton. Je vois déjà trois ou quatre exemplaires géants, debout ou couchés. Ceux qui resteraient à la fin d’un chantier. »