Néolithe a mis au point une technologie qui permet de transformer des déchets inertes banaux en granulats. En 2020, la start-up va installer un premier pilote de production.
Chaque année, en France, quelque 30 Mt de déchets inertes non dangereux finissent incinérées ou enfouies… Ce qui génère près de 6 % des émissions de gaz à effet de serre nationales. Mais une troisième voie de traitement semble se dessiner du côté de chez Néolithe. Créée en 2018, cette start-up a vocation à transformer ces déchets en cailloux, en les inertant au sein d’une matrice minérale.
« Le liant permettant de créer la matrice minérale est un développement interne et se caractérise par un niveau d’émissions de carbone très bas », souligne Clément Benassy, co-fondateur de Néolithe. On n’en saura pas plus sur ce liant : le reste est top secret ! En revanche, il compte pour 20 % du produit final. Le solde – soit 80 % du volume – est constitué par des déchets. « Les déchets prioritaires sont ce qu’on appelle les Dib, ou déchets internes banals, de chantier. Mais nous visons aussi l’emploi de déchets ménagers… »
Le process mis au point par Néolithe quitte aujourd’hui le stade du laboratoire. L’objectif est de proposer un premier démonstrateur à l’échelle 1 d’ici la rentrée prochaine, pour une commercialisation courant 2021.
La fabrication des granulats, baptisés “Anthropocite”, suit un parcours en quatre étapes. Tout commence au sein d’un fossilisateur. « Nous utilisons des technologies qui existent sur le marché », précise Clément Benassy. La finalité n’est pas de réinventer des solutions déjà éprouvées. Cet équipement permet de réduire les matières qui y entrent en des éléments très fins. Mais surtout de les minéraliser. « Ce traitement assure une excellente homogénéisation des matières premières. »Le produit obtenu peut alors être enrobé, comme on le ferait avec des dragées.
Valorisés en sous-couches routières
Résultat : on aboutit, dans un premier temps, à des granules d’environ 4 mm de diamètre. « Nous cherchons à réduire cette dimension à 1 mm. » Ces éléments sont alors agglomérés pour obtenir des granulats pouvant atteindre une granulométrie de 20 mm. Tout à fait en phase avec les besoins de la filière béton. « Nous visons dans un premier temps à faire utiliser nos Anthropocites en sous-couches routières, avant un élargissement vers les bétons de propreté, puis les bétons de fondation », reprend Clément Benassy.
Pourquoi un tel choix ? « Le volume total de déchets valorisables en cailloux ne pourra jamais représenter plus de 7 % des besoins nationaux en granulats », souligne William Cruaud, responsable R&D de Néolithe. Aussi, la start-up estime que répondre déjà à ces quelques besoins particuliers serait un grand pas pour lutter contre les émissions de carbone. Tout en préservant les ressources. D’autant que, côté prix, les Anthropocites afficheront un coût comparable à des granulats naturels.
Néolithe a le souhait d’installer ses fossilisateurs, directement sur des sites de démolition. Ceci, pour traiter en direct les Dib de chantier. D’autres pourront être mis en place sur des sites réceptionnant des déchets.
En attendant, la start-up est entrée dans un processus de normalisation de ses granulats. Ce qui passera par une Atex, pour commencer. Il y a aussi l’étude des interactions possibles avec les ciments et les adjuvants. Pour l’heure, rien de négatif n’a été observé à ce jour.
Frédéric Gluzicki