Nouvelle-Calédonie : Les ravages de la zéolithe

I – Quels sont le contexte et la situation ?

En Nouvelle-Calédonie, la désagrégation prématurée des bétons fait partie des pathologies du bâtiment emblématiques et coûteuses. Depuis plusieurs années, la sinistralité engendrée porte préjudice aux ménages et nuit à l’image du secteur de la construction par l’absence de préconisations techniques pour pallier ce phénomène.

Aussi, la Fédération calédonienne du BTP, accompagnée par un expert national, et la FFB-UMGO, se sont mobilisées pour piloter un projet visant à qualifier, quantifier et éradiquer les différentes pathologies des bétons liées à la présence de laumontite ou zéolithe naturelle.

II – Comment s’organise le projet ?

Initié par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, qui participe au financement, ce projet s’intègre dans la démarche d’amélioration de la qualité de la construction, à travers la mise en place du Référentiel de construction de Nouvelle-Calédonie². Au-delà des aspects techniques et scientifiques, des bonnes pratiques seront à édicter. De même, des systèmes d’auto-contrôles et de contrôles devront être imaginés. En parallèle, des questions d’assurabilité se posent sur les ouvrages impactés par ces pathologies. C’est pourquoi l’AQC³ et l’assureur SMA-BTP prennent aussi part au financement.

Tous les contributeurs sont représentés au sein d’un comité de pilotage, lequel est ouvert à tout membre ou organisme souhaitant s’y investir au niveau technique et/ou financier dans le but de compléter les études.

III – Quel est le degré d’avancement du projet ?

Ce projet est divisé en trois phases successives :

• 1 – Etude bibliographique

• 2 – Analyse des précurseurs et des facteurs d’influence de la cinétique des dégradations

• 3 – Rédaction d’un guide de bonnes pratiques

A l’heure actuelle, la phase 1 est en cours et devrait s’achever début novembre 2019. Répartie entre des bureaux d’études métropolitains et néo-calédoniens, elle recense les bibliographies disponibles sur ces pathologies atypiques. Et analyse les pathologies avérées du béton dans le contexte spécifique calédonien : environnement, atmosphère marine, propriétés chimiques, nature et provenance des matériaux…

Les deux bureaux ont identifié des désordres similaires au Chili et au Japon, ainsi que les essais réalisés sur ce type de désordre. Hélas, ces derniers ont été faits sur le matériau béton et non sur les granulats, ce qui ne permet pas de mettre en évidence la présence de zéolithe en amont. Les bureaux continuent leurs recherches, afin de savoir s’il existe un essai permettant de détecter la présence de zéolithe.

IV – Comment doit se poursuivre le projet ?

Estimée à 14 mois, la phase 2 comprendra plusieurs projets simultanés. A commencer par l’étude en laboratoire des propriétés des minéraux :

• Détermination des propriétés physico-chimiques des cristaux toujours présents lorsqu’une désagrégation du béton est constatée. A ce niveau, un focus sera fait sur la zéolite/laumontite et sur les éventuelles autres origines à rechercher ;

• Analyse des déterminants et des impacts sur la cinétique de désagrégation ;

• Proposition d’une analyse de l’impact des composants du béton et des seuils d’acceptabilité du dosage de ces composants, afin de pallier tout risque de dégradation ;

• Proposition de système de mesure et d’essai in situ pour détecter si les seuils précités sont atteints.

Viendra ensuite la partie vulgarisation à l’attention des professionnels et acteurs de la construction en Nouvelle-Calédonie. L’objectif est de rendre ces travaux scientifiques accessibles et d’application directe et simple sur le territoire. Enfin, une concertation sera réalisée avec les acteurs néo-calédoniens, afin de publier des guides méthodologiques à usage professionnel.

Septembre 2019

Orhan Ergün, responsable technique FFB-UMGO

¹Fédération française du bâtiment – Union de la maçonnerie et du gros œuvre.
²www.rcnc.gouv.nc
³Agence Qualité Construction.