Je suis la seule réalisation de Le Corbusier, en Alsace. Je suis un pan de l’histoire fluviale. J’ai un rôle stratégique dans la connexion entre le Rhône et le Rhin. Je suis l’écluse de Kembs-Niffer. Et j’ai besoin d’être rénovée !
Cet article est à retrouver dans le n° 92 de Béton[s] le Magazine.
L’écluse de Kembs-Niffer, dite “Le Corbusier”, est située entre Bâle et Mulhouse au point de raccordement du canal du Rhône sur le canal du Rhin. Elle permet aux bateaux du Rhin de passer sur le Rhône en direction de Marseille. Il s’agit là de l’une des rares commandes publiques françaises faite à l’architecte Le Corbusier. Et sa seule
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Une réalisation signée Le Corbusier
En plus d’être un lieu de passage pour les bateaux, c’est un site agréable, apprécié par les promeneurs et les cyclistes de la région. En effet, de nombreux itinéraires cyclistes passent par l’écluse de Kembs-Niffer, inaugurée en avril 1961.
La tour de commande de l’écluse “Le Corbusier” est une curiosité. Constituée de béton et de verre, elle est supportée par des murs porteurs. Sur lesquels s’articule un jeu de pleins et de vides. Selon les niveaux et de changements d’axe au niveau supérieur. Réalisé un peu plus tard, le bâtiment administratif est surmonté d’une toiture paraboloïde hyperbolique. Son architecture s’allie aux mathématiques pour symboliser la collaboration entre architectes et ingénieurs. Un partenariat souvent mis en valeur par Le Corbusier.
Dictée par deux ingénieurs
Le choix de l’architecte franco-suisse pour ces travaux résulte de la découverte de l’œuvre par l’ingénieur des Ponts et Chaussées René Bouchet. Qui est alors chargé des destinées de l’arrondissement de Mulhouse. Et de l’enthousiasme communicatif de l’ingénieur Descombes, ingénieur de la navigation à Strasbourg. Qui dirigeait alors le bureau d’études de la liaison Mer du Nord-Méditerranée, service installé à Mulhouse. Au printemps 1960, un premier rendez-vous fut pris par téléphone dans l’atelier qu’occupait depuis 1924 Le Corbusier, à Paris. Celui-ci fit part de sa surprise aux deux hommes. Car ce n’était pas l’habitude des Ponts et Chaussées de s’adresser à lui. Et les commandes “officielles” à l’architecte étaient pratiquement nulles en France.
4 000 ouvrages d’art gérés par VNF
Quelques dessins d’ensemble furent établis. Et le projet Le Corbusier a été respecté dans son ensemble et dans les détails lors des travaux. L’écluse fut inaugurée par Wilfrid Baumgartner, ministre des Finances, le 15 avril 1961. L’écluse a reçu le label “Architecture du XXe siècle”. Une distinction créée par le ministère de la Culture. Elle a été inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 2004. Et a obtenu le label “Patrimoine du XXe siècle” en 2005. Cette écluse fait partie des 4 000 ouvrages d’art gérés par Voies navigables de France (VNF). En février 2019, après une analyse des dégâts, la tour et le bâtiment administratif, laissés à l’abandon, ont été reconnus en péril. Ceci, après la construction en 1995 d’un nouvel ouvrage, 800 m en amont. En partenariat avec la Fondation du Patrimoine et la Drac, la mission Mécénat de VNF lance là, pour la toute première fois, un appel aux dons pour sa restauration. Et ce, afin de redonner vie à cette œuvre architecturale.
La rénovation en question
A l’occasion de la 3eédition du Loto du Patrimoine, la Mission Patrimoine menée par Stéphane Bern a sélectionné en 2020 deux projets de VNF. A savoir, l’écluse de Kembs-Niffer et la Bourse d’affrètement de Conflans-Sainte-Honorine (78). En janvier, la Mission a annoncé une participation de 300 000€, issue des jeux “Mission Patrimoine” de FDJ. De plus, une souscription publique est lancée pour compléter ce plan de financement. Le cabinet d’architectes 2BDM a estimé les travaux de rénovation à 1 M€. Ils seront réalisés par un architecte du patrimoine et le Laboratoire de recherche des Monuments historiques. Ainsi que par la Fondation Le Corbusier. Ils portent sur la rénovation des bétons. Et sur celle des murs, portes, fenêtres et sols à l’identique. En parallèle, un comité de pilotage sera mis en place. Ceci, pour mener une étude de valorisation du site et définir son devenir sur le plan touristique et culturel.
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