La Filière Béton œuvre au développement de solutions compatibles avec la réglementation thermique actuelle et future. Tant en préfabrication qu’au niveau du BPE, les solutions techniques restent nombreuses.
En matière de solutions constructives éco-performantes, la Filière Béton n’est pas en reste. Entre les produits issus de la préfabrication et ceux provenant des centrales de BPE, le prescripteur, l’entreprise ou le particulier n’a que l’embarras du choix… Le focus qui suit est dédié à ces solutions. Quant à Raphaël Kieffer, directeur de Schöck France, il parle du devenir des rupteurs de ponts techniques face aux évolutions amenées par la future réglementation RE 2020.
Des témoignages à découvrir
Par ailleurs, retrouvez dans Béton[s] le Magazine n° 81 – Mars/Avril 2019, la première partie de ce dossier consacré à l’éco-performance des bétons. La Fib et le SNBPE qui expliquent la démarche de la Filière Béton dans le cadre de l’Expérimentation E+C–. Trois experts (Nicolas Decousser – Cérib, Christian Herreria – Fib et Mickaël Thiery – ministère de la Transition écologique et solidaire), y détaillent cette même démarche. Quant au maître d’ouvrage Pluralis Habitat, il précise tout l’intérêt de la réglementation thermique et des économies d’énergie pour un bailleur social. Enfin, le GIE France Blocs revient sur la première année d’existence du procédé de mousse minéral Airium de LafargeHolcim, dont il est utilisateur. Xella expose sa politique de redéploiement sur le marché français. Et le béton de chanvre ses avantages en constructions éco-performantes.
Focus préparé par Catherine Alcocer-Pin
L’industrie du béton étoffe une offre multi-fonctionnalités
Blocs béton constitués de granulats légers, blocs coffrants isolants, murs à coffrage et isolation intégrés… Depuis plus de 10 ans, l’industrie du béton n’a de cesse de renouveler ses gammes pour proposer des produits multi-fonctions, répondant aux exigences de la RT 2012 et anticipant déjà celles de la RE 2020.
Blocs béton isolants : résistance et isolation
Certains blocs béton sont aujourd’hui formulés avec des granulats allégés - ardoise expansée, pierre ponce, pouzzolane -, donc isolants… Cette nouvelle génération de blocs permet ainsi de répondre, dès aujourd’hui, à la future réglementation RE 2020 pour la construction des maisons individuelles à énergie positive. Les acteurs proposant ces blocs sont très nombreux, exposant une technologie accessible partout dans l’Hexagone. Beaucoup se sont aussi regroupés au sein de GIE, dont le point commun est le matériau de base utilisé pour la production : Easygone, France Blocs, Cogebloc, Poncebloc ou Technibloc.
Blocs coffrants isolants : de véritables couteaux suisses
Certains produits développés en France il y a déjà une bonne dizaine d’années connaissent aujourd’hui un développement significatif au fur et à mesure du renforcement de la réglementation thermique. C’est le cas des blocs de coffrage isolants. Destinés à la réalisation de murs par empilement à sec et remplissage de béton, ces produits conviennent aussi bien pour les maisons individuelles que les logements collectifs.
• Euromac 2
Résistance thermique R : de 2,7 à 10,2 m2.K/W
Dimensions : 175 cm x 60 cm x 25/30/35 cm ou 100 cm x 30 cm x 25/30/35/45/ 50 cm
Nature de l’isolant : polystyrène.
• Lecobloc - France Bâti Innovation
Résistance thermique R : de 4,34 (PSE, ép 30 cm) à 9,27 m2.K/W(PSE graphité, ép 42,5 cm)
Dimensions : chaque bloc se compose de deux planelles en PSE classique ou graphité de 120 cm de long et 35 cm de haut, reliées par des entretoises en polypropylène livrées séparément sur chantier. La planelle intérieure a une épaisseur constante de 7,50 cm, tandis que la planelle extérieure de 7,50 à 20 cm d’épaisseur permet d’ajuster l’isolation aux exigences d’un projet.
Nature de l’isolant : polystyrène ou polystyrène graphité.
• Thermoform - Partenariat Cemex et Edycem
Résistance thermique R : de 4,36 à 6,63 m2.K/W
Dimensions : en format standard, bloc droit ou bloc d’angle avec 3 épaisseurs possible. Un format à la découpe est possible.
Nature de l’isolant : polystyrène expansé.
• Isolabloc - GIE Isolabloc
C’est un produit composite bois/ciment avec ITE associée.
Résistance thermique R : de 5,40 à 8,15 m2.K/W
Dimensions : 50 cm x 25 cm x 36 à 45 cm
Nature de l’isolant : polystyrène expansé Knauf.
• Keps - Vicat
Résistance thermique R : de 3,95 à 9,40 m2.K/W
Epaisseur totale du mur : de 28 à 50 cm, en faisant varier les dimensions des écarteurs et/ou des panneaux de polystyrène. L’épaisseur du béton est de 16 cm ou de 20 cm. Les panneaux isolants sont disponibles en plusieurs épaisseurs: 6, 9, 16 ou 21 cm.
Nature de l’isolant : polystyrène.
MC2I : les 3-en-1 !
Le procédé de murs à coffrage et isolation intégrés (MC2I), communément appelés prémurs, combine des performances structurelles et thermiques. Ceci, en offrant tous les avantages d’une isolation intégrés. Ainsi, les deux faces d’un MC2I sont en béton, qu’on peut laisser ou non apparent.
• Précoffré thermique - Fehr
Résistance thermique R : de 1,98 à 7,5 m2.K/W
Epaisseur du MC2I : 28 à 50 cm
Epaisseur des parois : 6 à 7,50 cm (intérieur) et 6 à 9 cm (extérieur)
Dimensions du panneau le plus grand : 12,34 m x 3,80 m
Nature de l’isolant : polystyrène ou polyuréthane (6 à 20 cm)
• Isopré - Spurgin Léonhart
Résistance thermique R : jusqu’à 8,29 m2.K/W
Epaisseurs cumulées des parois du MC2I : 16 à 25 cm
Nature de l’isolant : polystyrène graphité ou polyuréthane (8 à 18 cm).
• Inov’Mur Isolé - Jousselin Préfabrication (Guillerm)
A2C Préfa et Préfa du Léman exploitent le même Avis technique
Résistance thermique R : jusqu’à 12.8 m2.K/W
Epaisseur du MC2I : 47 à 50 cm
Epaisseur des parois : 6 cm (intérieur) et 7 cm (extérieur)
Nature de l’isolant : polystyrène expansé ou polyuréthane (10 à 20 cm).
• Thermacoffré - SAPB
Confort Thermique : R jusqu'à 6,25 m².K/W
Résistance thermique R : jusqu’à 6,25m2.K/W
Epaisseur du MC2I : 50 cm ou plus
Epaisseur des parois : 6 à 7 cm (intérieur comme extérieur)
Nature de l’isolant : polystyrène ou polyuréthane (5 à 20 cm).
• Duomur Isolant - Seac
Résistance thermique R : jusqu’à 8,41 m2.K/W
Epaisseur cumulée des parois du MC2I : 16 à 26 cm
Nature de l’isolant : polystyrène graphité ou polyuréthane (8 à 18 cm).
• Bétomur RTh Coffré - Soriba
Résistance thermique R : de 3 à 12 m2.K/W
Epaisseur du MC2I : 33 à 50 cm
Epaisseurs cumulées des parois : 16 à 35 cm
Nature de l’isolant : polystyrène, polyuréthane ou laine de roche(10 à 27 cm).
Des planchers toujours plus intelligents
Avec la ThermoPrédalle, il existe désormais une solution préfabriquée pour corriger les ponts thermiques, tout en préservant l’isolation par l’intérieur. Ceci, grâce des “pains isolants” à installer en périphérie de la prédalle, au niveau des parois verticales. Cette solution est aujourd’hui portée par le GIE France ThermoPrédalle, qui réunit les trois industriels : KP1, Rector (inventeur du système) et Seac.
Sur chantier, la ThermoPrédalle se met en œuvre comme une prédalle traditionnelle, sans changer les habitudes constructives. Adaptés à l’épaisseur de la dalle de compression, les pains isolants de hauteur sont mis en place sur chantier juste avant le coulage du béton. Placés en continuité de l’isolation intérieure, ils ont pour rôle d’assurer une correction efficace des ponts thermiques.
BPE : Des solutions coulées en place poly-fonctionnelles
Le béton prêt à l’emploi n’est pas en reste du côté des solutions constructives à capacité thermique. Du double mur coulé in situ aux bétons isolants structurels, la profession est mobilisée, anticipant les exigences réglementaires.
Des panneaux sandwichs coulés en place
Développé initialement par Léon Grosse, à travers sa solution Isovoile, le double mur à isolation intégré est aussi porté par le groupement GBE - LafargeHolcim. Dans les deux cas, le principe consiste à réaliser in situ une sorte de prémur ou panneau sandwich en béton banché, intégrant un isolant. Ce dernier est maintenu en place entre les deux futures parois, durant le coulage, à l’aide de connecteurs traversants.
Une fois exécuté, ce mur se compose d’un voile intérieur porteur en béton, d’un isolant thermique et d’une peau extérieure en béton. Le procédé permet ainsi de réaliser, en une seule opération, la structure, l’isolation et la finition extérieure. Dans le cas sur procédé GBE, le remplissage s’effectue avec l’Ultra Twin Procédé GBE, une formulation spécifique très fluide de béton, mise en place sans vibration.
Bis : isolants et structurels
Les bétons isolants structurels, qui ont adopté l’acronyme Bis, sont formulés à partir de granulats légers. Ce qui rend leur densité et leur conductivité thermique très inférieures à celles du béton classique, tout en préservant les mêmes performances structurelles. Ces nouveaux bétons permettent de traiter les ponts thermiques de toute la façade, mais doivent tout de même bénéficier d’un doublage isolant. Après un démarrage timide, au début des années 2000, les Bis connaissent aujourd’hui une véritable envolée. Ils sont disponibles sur une grande partie du territoire français et présents au catalogue de nombre des producteurs de BPE. Au niveau des acteurs de dimensions nationales, les produits s’appellent Insularis (Cemex), Thermicimo (Eqiom), Thermedia (LafargeHolcim), Thermovoil (Unibéton) et Vicat Defi.Thermicat (Vicat).
Par ailleurs, en 2015, le Marseillais CBBP (groupe Colas) a lancé son Bis, baptisé Thermeco. Enfin, le Havrais CMEG propose aussi une formulation spécifique de Bis, utilisé en préfabrication.
Le devenir des rupteurs face aux évolutions récentes
Mise au point de Raphaël Kieffer, directeur général de Schöck France, sur le devenir des rupteurs de ponts thermiques face aux évolutions récentes du marché.
Interview de Raphaël Kieffer de Schöck France
ACPresse.fr : Nous avançons vers la réglementation RE 2020 à grands pas. Quels sont les enjeux en matière d’isolation des bâtiments ?
Raphaël Kieffer : Pour mémoire et pour resituer le contexte, la loi Essoc ou Etat au service d’une société de confiance, promulguée par le Président de la République, le 10 août 2018, a inclus deux ordonnances, qui auront d’immenses conséquences sur la future réglementation. Dans la première, s’inscrit la possibilité d’un “permis de déroger”, autorisant les maîtres d’ouvrage à s’affranchir de certaines normes de la construction sous condition d’atteindre des objectifs de résultat. La seconde aura pour objectif de réécrire le Code de la construction et de l’habitation, “en s’appuyant sur le retour d’expérience des maîtres d’ouvrage, ayant recouru au permis de déroger”. Si une concertation a bien été mise en place, nous avons aujourd’hui le sentiment que l’on confond vitesse et précipitation, car les conclusions du groupe de travail expert, indiquant que la réglementation thermique actuelle répondait déjà à une approche performantielle avec un minimade traitement de 40 % des ponts thermiques, n’ont finalement pas été retenues !
Que craignez-vous de cet assouplissement ?
Cet assouplissement est surtout lié à la crainte de surcoût, en grande partie infondée, car on ne raisonne pas assez en coût global. In fine, la loi Essoc permettrait de s'affranchir purement et simplement des solutions pour traiter les ponts thermiques. Il faut le rappeler, les rupteurs figurent en très bonne place parmi les techniques à même de rendre une enveloppe du bâtiment homogène et performante. Se focaliser uniquement sur les coefficients Cep, Bbio et Tic de la réglementation thermique ne permet aucunement de garantir la qualité de cette enveloppe, avec notamment des conséquences possibles sur la qualité de l’air intérieur…
Accompagnez-vous toutes les technologies en matière d’isolation ?
Oui, nous nous inscrivons dans toutes les technologies ITI comme ITE, ITR (béton cellulaire), même si le mode le plus déployé reste l’ITI. De nombreuses solutions béton tant à la verticale qu’à l’horizontale intègrent nos technologies de rupteurs, comme les prédalles par exemple. Pour le secteur du logement neuf où l’on privilégie les coûts globaux, notre gamme répond très largement aux exigences de demain. Nous avons beaucoup développé le service d’accompagnement sur un produit structurel, exigeant le respect des règles de l’art.
Quelle est la position de Schöck sur le marché français et quelles sont vos innovations ?
Schöck représente pas moins de 250 km de rupteurs tous les ans en France. Nous en produisons 4 km tous les jours. Au niveau mondial, nous dépassons le million de rupteurs par an. Pour mémoire, un rupteur équivaut à 1 m linéaire.
Les nouveautés portent aujourd’hui sur l’ergonomie du produit pour en faciliter de la pose et bien respecter le plan de calepinage. Nous dispensons d’ailleurs des formations en direct sur site. Enfin, il est fondamental de rappeler que les rupteurs sont fabriqués avec des aciers inoxydables, garants de la sécurité et de la durabilité. Un acier inoxydable est trois fois moins conducteur qu’un acier classique, d’où une optimisation de la performance thermique au-delà de l’avantage structurel.