Mis en circulation en 1971, le pont de Noirmoutier fait peau neuve. Une façon de passer la crise de la cinquantaine sans difficultés.
Article paru dans le n° 97 de Béton[s] le Magazine.
Sur le littoral vendéen, l’île de Noirmoutier s’étend avec ses 40 km de plage. Depuis le continent, pour découvrir ses marais salants, le Bois de la Chaise ou encore profiter des plaisirs de la ville insulaire, il existe désormais plusieurs solutions. En 1971, l’île aux mimosas s’ouvre par la route avec l’édification d’un pont reliant la commune de Barbâtre, la plus méridionale de Noirmoutier, et Barre-de-Monts. Imaginé par Dumez et Sacer, l’impressionnant ouvrage de 33,50 m de haut, se déployant sur 583 m de long et 13,50 m de large, soit 258 voussoirs, tient le cap depuis 50 ans. Il dispose d’un ouvrage d’accès (4 travées de 55 m, côté continent), de 3 principales travées de 55, 88 et 55 m, surplombant la mer et d’un dernier accès (3 travées de 55 m) sur l’île.
Aujourd’hui, la traversée cumule plus de 20 000 visiteurs par jour de pointe et 2,8 M de passages en 2020. Avec toute cette circulation, les vents ou encore les marées, le pont est exposé à de nombreuses contraintes pouvant favoriser l’apparition de pathologies. L’environnement maritime et l’exposition aux embruns de l’ouvrage peuvent remettre en cause sa qualité structurelle, et notamment la durabilité des aciers des bétons. Pour en surveiller la fonctionnalité, une inspection détaillée est réalisée tous les six ans et en 2016, le Cerema rend son verdict.
Des dégradations profondes sur l’ensemble du pont
Des dégradations profondes ont été causées par les ions chlorures sur l’ensemble de la construction. Ainsi, deux marchés publics ont été attribués à Freyssinet région Grand Ouest. L’un pour les travaux de réparation structurelle du béton, chantier qui court sur plusieurs années, et un autre pour la protection des bétons contre les agressions marines. C’est-à-dire, la pénétration de chlorures et attaques sulfatiques.
Plusieurs solutions ont été retenues pour la réparation du pont de Noirmoutier. Après des tests préalables, l’entreprise générale a opté pour le mortier fibré à hautes résistances compatible avec des réparations structurales de PCI, le Nanocret R4. Adapté aux milieux marins et doté d’une bonne élasticité et adhérence au béton, le mortier a été conçu pour une projection en conditions difficiles. Ainsi, sur le chantier, les compagnons ont pu travailler aisément à la nacelle pour les sous-faces des voussoirs et à la corde pour les piles.
Après préparation au jet à haute pression, le PCI Nanocret R4 a été appliqué sur des épaisseurs de 1 à 5 cm et même 6 cm sur certaines zones. « Les essais d’adhérence sur chantier ont permis de confirmer les qualités réputées de notre mortier avec des résistances supérieures à 3,4 MPa, soit une valeur plus importante que celle requise, explique Yves Venendy, responsable technique PCI Nord-Ouest.Un excellent résultat notamment pour des points singuliers en sous-face, les zones les plus difficiles d’accès. »
Des solutions adaptées à l’environnement agressif
Concernant le deuxième marché, le revêtement de protection généralisé du béton suit le guide d’application GA P 18-902 et la NF EN 1504-2. Plusieurs prérequis étaient nécessaires dans la technique à adopter. La protection devait prendre en compte la pénétration des chlorures, être efficace contre l’eau et perméable à la vapeur d’eau, afin de garantir une véritable respiration de l’ouvrage. Pour cela, le choix s’est porté sur le revêtement mono-composant flexible d’imperméabilisation et de protection PCI Barraseal Flex. Ce dernier permet de ponter les fissures, mais surtout de protéger les bétons contre la corrosion des armatures. Il dispose d’une bonne résistance à la carbonatation, aux sels de déverglaçage et aux atmosphères marines. Sa faible épaisseur d’application (2 mm) a permis de gagner du temps en termes d’application. Avec la mise en place de ces différentes solutions, le pont de Noirmoutier devrait passer la crise de la cinquantaine sans encombre.
Fiche chantier
Maître d’ouvrage : Conseil départemental de la Vendée Diagnostic des pathologies et suivi du chantier : Cerema Entreprise : Freyssinet France Grand Ouest Début des travaux : Janvier 2019 Investissement : 9,5 Md€
Sivagami Casimir
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